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Iran, Syrie, Ukraine, échecs pour l'Empire

par Kharroubi Habib

Quand on voit comment l'empire états-unien et ses satellites occidentaux ont traité les Etats qui ont osé défier leur toute-puissance et contester l'ordre mondial qu'ils ont échafaudé, l'on ne peut que qualifier d'historique l'accord sur le nucléaire iranien qui a été signé jeudi en Suisse. Il est historique en ce sens où il est révélateur que l'Empire et ses alliés n'ont pas comme à leur accoutumée recouru à l'emploi de leur force militaire pour faire plier «l'outrecuidant» Iran qui les a défiés.

S'ils ne l'ont pas fait ce n'est pas par scrupules «humanitaires» ou répugnance à voir ce pays transformé en champ de ruines par leur intervention armée. Ils se sont tout simplement fait à la raison qu'une intervention militaire contre ce pays aurait pour eux des conséquences intolérables et inacceptables aux yeux de leurs opinions nationales et celle internationale. Sur le plan des capacités à répliquer à une intervention militaire étrangère, l'Iran n'est pas l'Irak ou l'Afghanistan. L'armée et les forces paramilitaires dont il dispose possèdent un arsenal dont l'usage est jugé dissuasif par les stratèges du Pentagone tant il est susceptible d'entraîner la région dans le chaos et de cibler leurs intérêts dans celle-ci et plus loin encore.

Américains et Européens seraient passés outre cette prévision de leurs experts militaires s'ils n'avaient pas eu conscience qu'un nouveau rapport de force international s'est échafaudé qui a érodé leur hégémonie sur le monde par la force des armes. L'Iran a finement joué sur cette nouvelle donne en tissant avec les architectes de ce nouveau rapport de force des liens et un partenariat qui ont compté dans le comportement des Occidentaux à son égard. L'intelligence pragmatique des Iraniens a été qu'ayant pris la juste mesure du nouveau rapport de force avec lequel l'empire états-unien et ses alliés sont maintenant contraints de compter, mais aussi du fait que ces puissances ont malgré tout un potentiel de dévastation auquel ils ne veulent pas exposer leur pays. Ils ont su raison garder et ne pas pousser la provocation jusqu'à rendre inévitable une intervention militaire de leur part.

En jouant finement pendant les longues négociations qu'ils ont eues avec les cinq + 1 et surtout celles bilatérales avec les Américains, les Iraniens sont parvenus à préserver l'essentiel pour eux qui est : primo que le droit de l'Iran à poursuivre son programme nucléaire civil lui est solennellement reconnu et secundo qu'il lui est également reconnu le statut de puissance régionale, ayant des intérêts nationaux à défendre et préserver dans sa zone d'influence. Dans l'accord d'étape conclu à Lausanne, il n'a pas été formellement fait référence à ce statut pour l'Iran. Il a été par contre au centre des négociations bilatérales USA-Iran auxquelles celles sur le programme nucléaire ont servi de paravent.

Ce que l'ont retient comme enseignement des conflits que l'Empire a provoqués avec l'Iran, en Syrie et en Ukraine c'est qu'ils ont dévoilé les limites qu'il n'ose plus dépasser car sa puissance est efficacement contrée par les acteurs du nouveau rapport de force international qui a émergé.