Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Le centre «Docteur Mohamed Belamri» en quête de moyens

par R. C.

Le Centre de consultations externes spécialisé en psychiatrie ??Docteur Mohamed Belamri'', situé sur le bas-côté de la rue Boulouizded, en plein centre-ville de Constantine, est logé dans une vieille bâtisse depuis des années. Bien modeste en apparence, on y reçoit cependant, quotidiennement, des patients de plusieurs wilayas, Oum El-Bouaghi, Khenchela, Guelma en sus de ceux de Constantine.

Le centre est au premier étage de ce très vieil immeuble, au rez-de-chaussée duquel il y a une ancienne boulangerie fermée depuis belle lurette. On continue cependant de vendre à son entrée, des baguettes de pain mais clandestinement. L'entrée, presque obstruée de gros paniers de pain, ne suggère en aucun cas l'existence d'un centre médical et pas des moindres, un centre de soins psychiatriques. Les escaliers qui mènent au premier étage où se trouve ledit centre sont dans un état des plus lamentables, des murs déteints et crasseux, des ordures de toutes sortes jonchent le sol. Sur l'un des murs, une grosse fissure s'est déplacée du rez-de-chaussée de l'ancienne boulangerie pour atteindre l'étage supérieur. Le mur ayant absorbé d'énormes quantités d'eau pluviale à travers les années a gonflé et a donné naissance à une bosse géante. «Cette fissure par laquelle les eaux pluviales s'infiltrent a rendu le mur si fragile, qu'il risque de s'effondrer à tout moment, et c'est le centre médical qui en pâtit le plus», souligne un habitant de l'immeuble. En franchissant le seuil de ce centre, on est tout de suite frappé par l'étroitesse de la salle d'attente, des bancs y sont alignés l'un après l'autre, comme dans un wagon de train. «Toutes les conditions sont donc réunies pour que l'un des malades présents pour le contrôle médical pique un quelconque malaise avec un risque d'agitation générale», nous confie tristement l'accompagnateur d'un malade venu de Guelma. C'est vraisemblablement la raison principale pour laquelle le personnel médical de ce centre, bien que solidaires de leurs collègues de l'hôpital psychiatrique de Djebel El-Ouahch, n'ont pas observé de grève. «Les malades viennent de très loin et on ne peut pas laisser un malade sans ses médicaments tranquillisants, ce serait en contradiction avec le but même de l'acte médical qu'est le soulagement de la douleur», souligne une demoiselle venue de la wilaya d'Oum El-Bouaghi se faire prescrire des médicaments. La salle d'attente est toujours pleine, entre 25 et 40 patients sont pris en charge par le personnel qui travaille dans une totale discrétion. Pas de trace d'une récente réhabilitation des lieux ni de modernisation d'ailleurs, «ils travaillent toujours avec des fichiers qu'ils gardent à l'intérieur, avec le nombre de dossiers traités par mois, qui peut s'élever facilement à des centaines, cela ne doit pas être facile à gérer sans ordinateur», nous confie le parent d'un malade. Et un patient d'ajouter, «ils travaillent avec les moyens de bord, on peut dire qu'ils n'ont pas de matériel du tout, une amélioration du cadre de leur travail serait sûrement la bienvenue, une meilleure prise en charge des malades serait attendue dans ce cas-là». De mémoire de Constantinois, ledit centre a été créé vers la fin des années 60, bien avant l'hôpital de Djebel El-Ouahch. Le personnel, questionné sur le manque de moyens mis à sa disposition, et le cadre inapproprié pour leur activité nécessitant un matériel de plus en plus moderne, s'est abstenu pour sa part de tout commentaire.