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Grande Mosquée Abdelhamid Ibn Badis : L'établissement de gestion installé officiellement par le ministre

par Houari Saaïdia

Autre temps, autre mode de gestion. Et autre ordre de grandeur, autre méthode de management. La grande mosquée « Abdelhamid Ibn Badis » d'Oran n'a pas échappé à cette « règle ». Ce lieu de culte matérialisé par un imposant édifice, qui rayonnera sous peu, a désormais son établissement public de gestion au statut d'entreprise à caractère civil.

C'est simple : le collège des imams se consacrera aux prêches, le conseil d'administration s'occupera, lui, de la gestion. Pas d'amalgame entre rôle spirituel et didactique et fonction gestionnaire et managériale, comme cela est de mise dans les « petites » mosquées de quartier où c'est l'association locale régentée par un cercle fermé centré autour de l'imam qui fait presque tout. Cette approche ? nouvelle, voire innovante - initiée par le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, dans la gestion des lieux de culte de grande instance, pour ainsi dire, à l'instar de la grande mosquée d'Oran qui ouvrira ses portes aux fidèles vendredi 17 avril, trouve toute sa pertinence dans le fait simple et évident que ce grand complexe multifonctionnel à plusieurs dépendances et annexes comportant des moyens TIC et quelques technologies d'économie énergétique et qui atteindra des pics d'affluence de 15.000 personnes durant les grands rendez-vous religieux, ne peut être administré par les imams et leurs assistants préposés. C'est un exercice gestionnaire managérial et entrepreneurial à la fois, dont le corps des imams n'a ni vocation ni savoir-faire. En revanche, la mission se banalise et devient à leur portée quand il s'agit de mosquées de classe ordinaire qui ne requièrent pas une compétence professionnelle en la matière.

Hier, dans un petit avant-propos à l'occasion de la cérémonie d'installation du conseil d'administration de l'établissement public au statut d'entreprise à caractère civil qui aura à gérer la grande mosquée « Abdelhamid Ibn Badis » d'Oran, le ministre a mis en avant le contexte et les motivations à l'origine de cette démarche administrative, « la première du genre à l'échelle nationale et même bien au-delà », selon lui. Avant lui, le wali d'Oran, Zâalane Abdelghani, s'était davantage étalé sur les raisons qui ont amené les pouvoirs publics à réfléchir à mettre en place ce cadre règlementaire spécifique et cet instrument de gestion pour la grande mosquée d'Oran. « L'imam est certes l'autorité morale et spirituelle de la mosquée. Dans ce grand lieu de culte, d'adoration de Dieu, d'éducation et d'enseignement des valeurs et des préceptes de l'islam, l'imam a bien d'autres choses à faire que de s'occuper d'un robinet qui fuite ou d'une lampe grillée (?) Il y a des charges colossales de fonctionnement : l'éclairage, le gaz, l'eau, l'électricité, la clim, les TIC, en plus de l'organisation des tâches au sein de la structure, le flux humain, le stationnement au parking, etc. Tout cela nécessite un organisme de gestion, un staff, un organigramme, un budget? », a expliqué le chef de l'exécutif de wilaya qui avait souligné, au préambule de son intervention, le rôle du président de la République, Abdellaziz Bouteflika, dans la remise sur les rails de ce projet vieux de trois décennies et dont « la carcasse en béton à cité Djamel était près de devenir, en tant que telle, un bien du patrimoine de la ville d'Oran, n'était-ce l'intervention du chef d'Etat en personne, à l'occasion de sa visite à Oran en 2007, avec sa décision de consacrer des crédits publics pour l'achèvement et l'optimisation de ce joyau digne de la métropole d'Oran ».

4,5 MILLIARDS DANS LA CAISSE... PAS MAL POUR UN DEBUT

Présidé par Mouileh Ahmed, élu de l'APW d'Oran et ex-haut cadre de la wilaya, le conseil d'administration de l'établissement de gestion de la grande mosquée d'Oran est composé de membres représentant les secteurs des Affaires religieuses, la Culture, l'Education, le Tourisme, les Domaines et l'Université d'Oran. Pourquoi la culture et le tourisme ? La mosquée Abdelhamid Ibn Badis d'Oran sera jumelée avec celle de l'Emir Abdelkader de Constantine (notamment en prévision l'évènement Constantine capitale de la culture arabe 2015, à partir du 16 avril) et fera par ailleurs partie du circuit touristique d'El-Bahia. La direction du Commerce, quant à elle, y est impliquée car il est question de mettre en concession les locaux commerciaux propres à la mosquée pour renflouer les caisses de celles-ci, plaide-t-on côté officiel. Or, le contrat de bail, si ces boutiques sur voie express trouvent bien preneurs, ne représentera que 2 à 3%, à tout casser, de la tirelire de la mosquée.

Le gros, ça ne peut provenir que des subvenions des fonds propres des collectivités locales.

D'ailleurs, le wali d'Oran a joint l'acte à la parole en remettant, séance tenante, un chèque de 1 milliard de cts, subvention du fonds de wilaya, au conseil d'administration de la mosquée. Aidé par un ministre des Affaires religieuses qui sait toucher la fibre solidaire par l'éloquence de la voix et l'aisance du verbe, M. Zâalane a ouvert l'appétit aux autres responsables qui ont, eux aussi, prit part à cette finance participative. Ainsi, aussitôt créé, l'organisme gestionnaire de la mosquée s'est adjugé une petite cagnotte de 4,5 milliards de cts.

ET CE N'EST-LA QU'UN DEBUT !

Ceci côté finance. Côté avancement du chantier, le ministre s'est dit, en tout cas, « satisfait » après une virée à travers les différents pavillons. Il s'est montré rassuré et confiant quant à la réussite de la cérémonie d'ouverture de la grande mosquée d'Oran, prévue vendredi 17 avril, et qui sera ponctuée par la transmission par chaines TV- y compris satellites- de la prière d'El-Djoumoua.

Les cadres de l'entreprise turque Bilyap, chargée de l'achèvement du projet après que celui-ci eut plongé dans une longue période de somnolence qui aura duré presque 30 ans, ont assuré qu'ils allaient tout mettre en œuvre pour parachever cette mosquée tant attendue, qui aura à accueillir quelque 15.000 fidèles. D'après les informations données, les façades extérieures sont composées d'éléments architectoniques importés à cause du facteur temps mais à l'intérieur, un protocole serait respecté de la part de cette entreprise qui favorise et gère l'artisanat. Pour sa part, l'architecte franco-libanais, Julien Farhat, de l'agence ARCREA studio, veille à ce que l'architecture et la décoration de l'édifice s'harmonisent autour de thèmes arabo-andalous, interprétés par des matériaux et des techniques modernes.