Au moins 37 civils
ont été tués, hier, dans le bombardement, à l'origine indéterminée, d'une
laiterie de l'ouest du Yémen, au septième jour de la campagne aérienne de la
coalition militaire arabe, contre des rebelles chiites, soutenus par l'Iran.
Estimant que les frappes risquent de ne pas aboutir aux résultats escomptés, le
ministre yéménite des Affaires étrangères Ryad Yassine a appelé la coalition à
envoyer des troupes au sol. «Oui, je demande cela car je pense qu'à un moment,
les raids aériens seront inefficaces», a déclaré Ryad Yassine dans un entretien
à l'AFP. Il s'exprimait depuis l'Arabie Saoudite, où il s'est réfugié avec le
Président Abd Rabbo Mansour Hadi.
Le bombardement de
la laiterie a fait «37 morts et 80 blessés», parmi les employés, a déclaré le
gouverneur de Hodeida, Hassan Ahmed al-Haï, sans préciser si l'usine avait été
touchée par un raid de la coalition ou par des tirs des rebelles chiites
Houthis qui tiennent une position proche. Le médecin de garde de l'hôpital où
ont étéconduits les blessés, a expliqué à l'AFP que les employés avaient été
victimes de l'explosion d'un réservoir de gaz, touché par un bombardement. Les
circonstances exactes de ce bombardement restent imprécises. Des témoins ont
affirmé que des Houthis avaient tiré des obus en direction de l'usine après que
leur position ait été visée par un raid aérien de la coalition. D'autres, au
contraire, ont indiqué que la laiterie avait été touchée par un missile tiré
par un avion. Ce lourd bilan est venu confirmer les inquiétudes des
organisations humanitaires sur le sort des civils. Il y aura, certainement,
«moins de pertes civiles» si la coalition enverrait des troupes au sol et la
principale raison derrière cette proposition est liée à la nécessité de faire
entrer de l'aide humanitaire au Yémen, a assuré le chef de la diplomatie
yéménite. Quarante civils avaient, déjà, péri, lundi, dans un raid contre un
camp de déplacés, dans le nord-ouest, une attaque imputée à la coalition,
dirigée par l'Arabie Saoudite qui a admis que des «dommages collatéraux
pouvaient se produire». Le bombardement de Hodeida a coïncidé avec une
intensification, ces dernières heures, des raids de la coalition, notamment à
Aden. L'aviation et la marine ont bombardé des positions rebelles dans ce grand
port du Sud, après une nuit de raids contre de nombreux autres objectifs,
notamment, dans la capitale Sanâa. Le principal objectif, à Aden, était un
complexe de l'Administration provinciale à Dar Saad, à l'entrée nord de la
ville, dont s'étaient emparés les Houthis, a indiqué, à l'AFP, un officier
resté loyal au Président Hadi. Il a évoqué de «nombreux morts et blessés»,
parmi les Houthis, tout en se disant incapable d'avancer un bilan précis. Le QG
de la 5ème Brigade, loyale à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, allié aux
Houthis, a été visé, dans le nord d'Aden, ainsi que l'aéroport international.
Des supplétifs de l'armée, fidèles au président Hadi et qui sont appelés
«Comités populaires», ont fait prisonniers 26 rebelles pendant des combats,
dans Aden, a assuré un de leurs chefs. Les conditions de vie se sont dégradées
dans cette ville, la 2ème du pays, affectée par des coupures d'électricité et
d'eau et où les vivres commencent à manquer. Ailleurs, l'aviation de la
coalition a pris pour cible, dans la nuit, des camps de la Garde républicaine (pro-Saleh),
dans les environs de Sanâa et dans la région d'Ibb, selon des habitants.
Plusieurs positions des Houthis ont été, également, visées dans les provinces
de Hajja et de Saada, des fiefs de la milice chiite, dans le nord du Yémen.
Dans la nuit, 6 civils ont péri dans un raid aérien visant le port de Maydi,
dans la province de Hajja, selon des sources médicales. Par ailleurs, 12
Houthis ont été tués, tard, dans 2 attaques revendiquées par des membres de
tribus dans le sud du Yémen, ont indiqué, hier, des sources tribales. Les
agences des Nations unies et plusieurs organisations humanitaires se sont
inquiétées du prix payé par les civils dans ce conflit où les belligérants
n'hésitent pas à se mêler à la population. Elles ont donné de nombreux exemples
de pertes civiles, durant la première semaine d'hostilités ; l'Unicef évoquant,
notamment, la mort de 62 enfants. A cela s'ajoute la difficulté d'acheminer
l'aide et les médicaments, dans un pays où l'espace aérien reste risqué et où
les ports sont bloqués par la marine de la coalition pour empêcher que des
armes soient livrées aux rebelles, notamment depuis l'Iran.