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Mais où est passée l'opposition ?

par Kharroubi Habib

Depuis quelque temps, l'opposition est d'une étonnante discrétion. Ferait-elle profil bas suite à la volée de bois que lui a assénée le président Bouteflika le 19 mars dans son message à l'occasion de la journée nationale de la victoire, assortie de la menace qu'il sévirait contre elle si elle persiste à «tromper» les Algériens ?

L'on ne veut pas croire que telle est la raison de son étrange effacement. Elle ne s'est nullement montrée impressionnée par la prise à partie présidentielle et lui a répliqué en promettant qu'elle allait radicaliser et amplifier sa contestation du régime et de sa gouvernance. Prépare-t-elle alors dans le secret de ses états-majors une offensive dont elle tient à ce que sa nature ne soit pas éventée prématurément ? Ce n'est nullement pourtant dans les habitudes de cette opposition dont l'arme lourde est la visibilité médiatique qu'elle affectionne pour ses conciliabules et actions.

Depuis le «reflux» de la contestation populaire anti-exploitation du gaz de schiste, mouvement lui ayant permis d'apparaître comme étant à sa pointe, il est d'autres questions et dossiers dans l'actualité nationale dont elle peut en faire ses chevaux de bataille. Elle fait au contraire silence et de ce fait suscite des interrogations sur son intrigante attitude. Elle ne peut l'expliquer par «l'indifférence» que marqueraient les médias nationaux à l'endroit de ses activités. Elle a dans ce milieu assez de sympathisants qui ne rechigneront pas à donner une résonance médiatique à la moindre de ses actions ou déclarations.

Ne serait-ce pas que l'opposition s'est enfin rendu compte que le seul tapage anti-pouvoir même surmédiatisé serait finalement contre-productif, et qu'ayant fait ce constat elle privilégierait désormais de se préoccuper de se procurer une base sociale sans laquelle toute opposition ne saurait s'affirmer comme telle et encore moins espérer bâtir un rapport de force avec le pouvoir qui l'obligerait à l'entendre.

L'on sait que Benflis du moins est dans cette logique et qu'en vue de la tenue du congrès constitutif de son parti, il a fait de la préparation de cet évènement l'occasion d'une campagne de sensibilisation populaire qui porte indubitablement des fruits. Pour les autres opposants, il n'y a pas la même justification à leur inexplicable effacement. Serait-ce alors que l'unité et la détermination dans l'action que l'opposition a affichée et lui a valu une remontée dans l'estime d'un pan de l'opinion publique ne résiste pas finalement aux divergences et différends opposant ses composantes et que les pôle et coordination qui se sont constitués en son sein s'en trouvent affectés.

S'il est vrai qu'une opposition se discrédite en ne produisant qu'une agitation stérile, il en va de même pour elle quand dans un contexte où il est attendu d'elle qu'elle affirme sa visibilité et ses capacités à constituer l'alternative au pouvoir déliquescent, elle se cantonne subitement dans le silence radio. C'est bien à cette attitude incompréhensible que s'en tient l'opposition depuis après le message présidentiel du 19 mars.