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Fruits et légumes: Les prix toujours aussi élevés

par A. Mallem

«Mais où est donc passée la pomme de terre ?!», se demandaient hier matin avec insistance les clients en sillonnant les étalages du marché Boumezzou, situé au centre de la ville de Constantine car, il faut dire que ce tubercule tant convoité est assez rare ces derniers jours.

Et si d'aventure on arrive à en trouver chez un marchand, c'est des patates toutes petites, chargées de terre que l'on propose à 90 dinars le kilo. «Pour l'instant, c'est la primeur qui vient d'arriver de la wilaya de Mostaganem», nous a expliqué le responsable de la Fédération des fruits et légumes installé au niveau du marché de gros de Boussouf, M. Rachid Gouaoura, en indiquant que cette qualité de pomme de terre est cédée tout de même au prix de gros, entre 55 et 65 dinars le kilo. Surpris, les clients ont demandé après la pomme de terre de Oued Souf, bien propre et jaune, qu'ils ont pris l'habitude d'acheter chaque jour. «Les stocks de cette variété arrivent à épuisement et il faut attendre de nouvelles livraisons dans une quinzaine de jours au plus», a répondu M. Gouaoura.

Aussi, en ces journées ensoleillées de début du printemps, les citoyens ont cru que les prix des fruits et légumes allaient connaître une baisse. Et ils ont été bien confortés dans cette idée par les déclarations qui ont été livrées à la presse par les responsables de l'Union des paysans (UNPA) annonçant une abondance de tous les produits agricoles par suite de la pluviométrie exceptionnelle enregistrée cette année, et que les prix des produits agricoles vont connaître automatiquement une baisse drastique. Et ils ont été relayés par leurs collègues de l'UGCAA qui ont établi des prévisions très optimistes annonçant même que le prix de la pomme de terre descendrait à 50 dinars le kilo au détail. Toutefois, les commerçants ont expliqué que les problèmes se situent ailleurs maintenant, au niveau de l'arrachage de terre des produits. Et d'invoquer le problème du manque de main-d'œuvre agricole d'une part et les prix pratiqués par les ouvriers au ramassage et au chargement. Et d'indiquer qu'un ouvrier agricole est rétribué à 1.000 dinars la journée. Et c'est le même tarif que demandent d'autres ouvriers pour charger un camion. Ajoutez enfin le prix du transport, la marge prise par le mandataire et celle enfin du marchand de gros. «Et tous ces facteurs, ajoutent nos interlocuteurs, vont concourir à doper les prix des produits sur les étalages. Et au bout de la chaîne, c'est le client qui trinque en payant un prix élevé le produit à consommer».

S'interrogeant sur les prix inabordables de certains légumes, nous avons entendu les commerçants nous répondre que «c'est tout à fait normal car nous sommes en pleine période des primeurs». Mais cela n'explique pas que le kilo de haricots verts soit vendu à 300 dinars, ont objecté des clients, que la tomate soit cédée à 90 dinars, l'oignon aussi, la salade à 120 et la courgette, qui est une spécialité locale, à 120 dinars également. «Il faut attendre l'arrivée des récoltes faites dans la wilaya de Jijel et la daïra de Collo, celles du Sahara pour espérer une baisse», ont répondu les commerçants.

Au rayon des viandes, si les prix restent stationnaires, le poulet à 240/250 dinars le kilo, le kilo de bœuf entre 700 et 800 dinars, c'est la viande de mouton qui est pratiquement hors d'atteinte de la plupart des bourses car elle est tout bonnement absente du marché. Au marché Boumezzou, seuls trois bouchers se sont aventurés à la proposer, et en petites quantités encore, en affichant des prix qui se situent de 1.250 et 1.350 dinars le kilo. Et d'expliquer ces prix excessifs par le fait que les éleveurs ne vendent plus leurs bêtes et préférent les garder, les engraisser gratuitement à l'herbe naturelle qui est abondante maintenant après la très bonne pluviométrie enregistrée tout l'hiver, pour les vendre à l'approche de l'Aïd El-Adha. Bifurquant sur le rayon des poissons, nous avons remarqué que les clients ne se pressent pas pour acheter les fruits de la mer. Et pour cause, la sardine est proposée à 600 dinars le kilo, le thon à 750 dinars et le merlan à 1.600 dinars !