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MEDEA: Ces concierges qu'on regrette

par Rabah Benaouda

Ils étaient en quelque sorte, et pour beaucoup, les garants d'une bonne hygiène environnementale, une meilleure propreté dans les cages d'escaliers, une tranquillité rassurante et une sécurité permanente, tout autour des bâtiments d'habitations, relevant de l'Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI), dont ils étaient les «anges gardiens». Ils ont, malheureusement, disparu depuis bien longtemps mais leur « retour » est, aujourd'hui, plus que jamais, souhaité et attendu. ?Ils', ce sont ou, plutôt, c'étaient les concierges, ces hommes de grand cœur qui se donnaient à fond pour veiller, dans tous les domaines, sur ces bâtiments OPGI. Omniprésents sur les lieux, ils connaissaient toutes les familles qui y habitaient, leurs enfants, l'emplacement de leurs appartements aussi bien du côté des balcons que de l'autre, l'étage? Comme ils pouvaient repérer et reconnaître, en un clin d'œil, toute personne étrangère qui s'y aventurait et ne s'empêchaient nullement de lui demander les raisons de sa présence sur les lieux. Sans parler du fait, qu'à longueur de journée, ils avaient leur balai, leur pelle et leur brouette à portée de main. Et personne, les ménagères beaucoup plus que leurs enfants, notamment, n'osait balancer des ordures ménagères à partir des balcons et des fenêtres, car rapidement et facilement repérée et le chef de famille mis au courant. Durant la saison estivale, entre midi et 16h, gare aux enfants qui « enfreignaient la loi » en préférant jouer dehors, dans la cour de la cité, plutôt que rester à la maison pour une bonne sieste ! Car la fessée était bien garantie avec la bénédiction des parents. En un mot, ils représentaient un facteur de dissuasion très fort, une barrière à tout dépassement sur les lieux. Ce qui n'est, malheureusement, plus le cas aujourd'hui et leur « disparition » n'est pas l'objet de notre présent article mais plutôt leur « retour » qui est, plus que jamais, si nécessaire et si indispensable, pour la simple raison que la situation environnementale et hygiénique des bâtiments OPGI, dans la wilaya de Médéa, comme partout ailleurs, à travers le pays, est, aujourd'hui, lamentable et désolante : transformations urbanistiques anarchiques des façades des bâtiments, ordures ménagères et autres immondices jonchant le sol H/24, tranquillité et sécurité disparues, jets d'ordures et autres détritus à partir des balcons et des fenêtres, cages d'escaliers d'une saleté repoussante, minuterie à l'arrêt, vols?

La disparition de ces concierges avait été expliquée, à l'époque, par le fait que la grande majorité des occupants des appartements, dans ces bâtiments de l'OPGI, étaient passés du statut de locataires à celui d'acquéreurs (propriétaires) et que, par conséquent, le maintien de ces concierges ne pouvait plus se faire sur le budget de fonctionnement de l'OPGI. Or, jusqu'à preuve du contraire, autant les locataires payaient leurs charges communes, mensuellement, car incluses dans le loyer, autant les propriétaires s'acquittent, aujourd'hui d'une redevance annuelle concernant, justement, ces charges communes qui englobent la minuterie dans les escaliers, le ravalement des façades des bâtiments, le ramassage permanent des ordures ménagères voire la présence permanente des? concierges, le nettoyage des caves...

Alors ? Disons, tout simplement, qu'il est venu, aujourd'hui, le moment pour le ministère de tutelle concerné de réfléchir, sérieusement, au retour de ces concierges si l'on veut préserver l'état, au sens large du terme, (aspect urbanistique, propreté environnementale?) de ces centaines de bâtiments OPGI réalisés, continuellement, par l'Etat. Car compter encore sur le « civisme » des bénéficiaires de ces appartements, ou sur l'entente, entre eux, pour prendre soin des lieux, serait? peine perdue. A travers le retour de ces concierges, qui reste toujours souhaité et attendu, serait aussi, l'occasion de créer des emplois au profit de personnes qui sont, aujourd'hui, sans travail.