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Alger défend sa feuille de route

par Moncef Wafi

« La menace terroriste n'a pas faibli depuis la dernière réunion du GTS», l'aveu est de Messahel, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, regrettant au contraire que globalement «les groupes terroristes se multiplient, gagnent de nouveaux espaces et occupent maintenant des territoires». L'Algérie à l'ouverture des travaux de l'assemblée plénière du Groupe de travail sur le Sahel, coprésidée par Alger et Ottawa, a réitéré ses convictions dans la lutte contre le terrorisme basées sur une convergence d'efforts et de moyens de la communauté internationale. Des principes qui s'inscrivent en droite ligne «dans son voisinage immédiat» au niveau continental et international.

Rappelant les nombreuses initiatives d'Alger dans cette lutte antiterroriste, la création du Comité d'état-major opérationnel conjoint (CEMOC), de l'Union de fusion et de liaison (UFL) et du processus de Nouakchott, Messahel souligne que ces «cadres régionaux» sont les plus à répondre à cette lutte contre un terrorisme doublé d'une criminalité organisée transnational. Un concept régional qui prend ses racines sur «les principes du bon voisinage, du respect de l'indépendance, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de chaque pays ainsi que la non-ingérence dans les affaires d'autrui». Une définition qui épouse la philosophie d'Alger dans sa perception de la lutte contre le terrorisme qui fait de la non-ingérence de puissances étrangères dans les pays ciblés un sacerdoce.

Un leitmotiv dans la gestion antiterroriste brandi à la face de l'Europe qui veut s'impliquer militairement en terre du Sahel pour stopper les attaques sur ses propres sols. Une erreur de stratégie vérifiée par l'intervention des Français au Mali qui n'a pas empêché les groupes terroristes de frapper. Messahel évoque «les failles de la coopération internationale» responsables entre autres de cette recrudescence des activités des groupes armés conjuguées à «la faiblesse de certains Etats», précisant qu'«aucun n'est à l'abri de leurs visées». Une activité qui s'est étendue dramatiquement à la Tunisie et au Yémen rappelant les atrocités commises au nom de la religion.

Mais entre hier et aujourd'hui, le Sahel se retrouve dans la ligne de mire de Boko Haram, dont l'ombre menace toute la région jusqu'à l'Algérie pour peu que des interconnexions ne se produisent avec les autres groupes activant dans le périmètre sahélien. La vision de l'Algérie, sur ce point précis, ne peut être remise en question d'autant plus que toutes les analyses sécuritaires d'Alger ont été malheureusement confirmées sur le terrain. Les Algériens exigent de nouveau de ne plus être seuls à combattre le terrorisme qui n'est plus son problème exclusif mais celui de tout le monde. Une coopération régionale et internationale pour «soutenir les efforts de l'Union africaine et des pays de la région dans la lutte contre Boko Haram».

Cette troisième session du GTS fait partie, selon Alger, de «la réponse globale» à cette menace. Les sources de financement du terrorisme, les causes et voies de radicalisation, des filières de recrutement et d'enrôlement dans les groupes terroristes, du traçage et de la gestion des combattants terroristes étrangers ou encore de la sécurisation des frontières, la collecte, le partage en temps utile du renseignement, le renforcement des capacités institutionnelles des Etats ainsi que le besoin de densification de la coopération sécuritaire font également partie intégrante de cette certitude tout algérienne à inclure dans le dispositif de la lutte antiterroriste.