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Ouahiba Kebir (CISCO Algérie) : les entreprises sont peu soucieuses de la sécurité informatique

par Yahia Benaïssa

Pour Ouahiba Kebir, de CISCO Systems Algeria, les entreprises se contentent d’un antivirus et d’un pare-feu pour sécuriser leurs réseaux informatiques. Elles ne mesurent pas l’importance des risques encourus. Mais le plus grand danger est surtout «l’ignorance», dit-elle. Entretien.

Vous représentez CISCO, une société spécialisée dans les solutions réseaux. Quelle place peut-elle avoir en Algérie où le taux de pénétration de l’Internet est considéré parmi les plus bas au monde ?

Ouahiba Kebir : Assurément, le paramètre du taux de pénétration a une grande importance pour notre activité. En Algérie ce taux est en train d’évoluer considérablement comme l’a souligné dernièrement l’ARPT qui fait état de près de 25%. Le monde est actuellement géré par des réseaux. Tout ce que vous voyez dans les villes (petites ou grandes) est géré par des réseaux. Quels que soient les modes ou les types utilisés, ces réseaux raccordent les gens, les villes et bien sûr les pays. En parallèle, les technologies mutent et progressent sans arrêt. Les transitions technologiques sont stimulées par l’innovation et les grandes tendances mondiales, notamment les changements générationnels, l’urbanisation, la productivité multifactorielle et l’émergence d’une classe moyenne dans plusieurs pays, dont l’Algérie fait partie. Ce phénomène continue donc d’évoluer rapidement. Il ne faut pas croire que l’Algérie est loin de cette réalité. L’Algérie est en train de connaître de grandes mutations. Peut-être pas au rythme qu’elle pourrait avoir. Mais elle change à la faveur d’un certain nombre d’atouts avec notamment un marché des plus florissants mais aussi une expertise des plus prometteuses.

Et pourquoi choisit-on précisément les solutions Cisco ?

On choisit Cisco pour la fiabilité de ses solutions. Pour être performant et compétitif. La révolution technologique ne cesse de s’accélérer et l’avenir proche promet de passionnantes innovations qui entraîneront la création, aussi bien dans le monde qu’en Algérie, de nouveaux modèles commerciaux dans l’ensemble de la chaîne de valeurs. L’entreprise qui encourage de plus en plus la mobilité de ces travailleurs et l’interactivité de ses applications métiers a besoin de services et d’applications innovants pour conserver son agilité et se différencier de ses concurrents. Et bien sûr, protéger son système d’information. Voilà la raison pour laquelle on choisit le leader mondial «CISCO Systems» comme solution.

La sécurité informatique fait-elle partie de la culture managériale des sociétés algériennes ? Et si non, ou pas suffisamment, à quoi cela est dû selon vous ?

Malheureusement en Algérie, peu d’entreprises prennent ce problème au sérieux. Leur protection de systèmes d’informations se limite, au meilleur des cas, à l’installation d’un antivirus et à l’activation du pare-feu dans le système d’exploitation.

Pour la majorité des chefs d’entreprises algériens, investir dans les campagnes publicitaires pour soigner son image est plus utile. Il est surtout plus rentable que de faire appel à des spécialistes en sécurité informatique. Mais cela est en train de changer. Surtout pour les entreprises qui cherchent à se mettre au niveau international. L’informatique est pour les entreprises comme pour les particuliers un outil incontournable de gestion, d’organisation, de production et de communication. Cet outil sur lequel repose l’activité économique d’une société peut être donc exposé à des actes de malveillance de différentes natures. Pour un budget raisonnable, on peut assurer la sécurité des données et préserver ainsi la pérennité dans l’activité économique.

Comment arrivez-vous à convaincre les sociétés qui sont toujours hésitantes ?

Le «Test d’intrusion» ou ce qu’on appelle «Pénétration de systèmes d’information», est généralement un argument très convaincant. Ce genre de nouvelle solution que MTS propose, tend à mettre le chef d’entreprise ou son DSI dans la peau d’un attaquant et sur cette base, il peut voir les failles et les faiblesses de sécurité de son réseaux et, bien sûr, il peut donc minimiser le risque du vol des données ou même des identités.

Il faut savoir qu’actuellement les pirates informatiques (hackers) disposent d’outils et de méthodes redoutables d’efficacité, leur ouvrant l’accès à n’importe quel type de réseau. Le chiffre enregistré à l’échelle mondiale montre le danger que représente le phénomène de piratage. Autre paramètre à prendre en compte, la majorité des attaquants ont aujourd’hui les moyens d’effectuer des attaques lourdes puisqu’ils sont financés par le crime organisé. Une vérité à ne pas négliger. Un chiffre : 40% des sites Internet sont piratés en dépit de la présence de «pare-feu» et pas mal de mesures de sécurité. Et le piratage du site de Sony, dernièrement, montre toute l’importance de la «Cyber Security» dans nos vies professionnelles ainsi que personnelles.

Avec l’avènement de la 3G en Algérie, de plus en plus de citoyens sont actuellement connectés. Quels moyens proposez-vous pour prémunir les Algériens contre les atteintes aux données personnelles ?

Avec l’arrivée de la 3G et aussi la 4G, lancée dernièrement, et en parallèle les richesses du marché formelle ou informel de la téléphonie mobile et la facilité d’accès aux téléchargements, les risques et le danger se sont multipliés. Les particuliers comme les chefs d’entreprises ignorent qu’ils sont exposés chaque seconde aux dangers du piratage. Le vol d’identité (usurpation d’identité) la plus grande menace criminelle, le vol de cordonnées bancaires, le vol des photos et les menaces... sont des dangers multiples que peut rencontrer tout utilisateur des nouvelles technologies. Mais le plus grand danger est surtout «l’ignorance». Voilà la réalité à laquelle nous devons faire face. La majorité des utilisateurs croient que la manipulation d’outils informatiques se limite à l’accès facile et rapide et à la maîtrise des applications. Une maîtrise d’utilisation exige de savoir comment détecter que mon smartphone ou mon laptop ou mon ordinateur de bureau a été pénétré par un attaquant. Comment protéger mon courrier électronique ? Comment protéger mes photos quand on reçoit par des inconnus sur les réseaux sociaux tels que Facebook ou Twitter et qu’est-ce que c’est qu’un programme malveillant ? Comment protéger tout simplement ma vie ou mon travail des dangers de la virtualisation ? Et pour tout cela l’offre de formation qu’on propose au grand public, même à des enfants est indispensable. Voilà comment on peut minimiser les dangers de l’utilisation des nouvelles technologies par le grand public.