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Green App: la technologie au service de l’environnement et de l’écocitoyenneté

par Abdelkader Zahar

Il existe de nombreuses applications mobiles et des plateformes web incitant à l’activisme environnemental et appeler à des actions de nettoyage. La dernière en date, «We Clean», a été lancée en Tunisie. Un filon que les développeurs, les entreprises et collectivités locales, en Algérie, devraient investir.

We Clean, la plateforme numérique, lancée par des Tunisiens, qui permet à ses utilisateurs de mobiliser pour signaler et nettoyer des endroits pollués devrait ouvrir la voie à des applications de même nature et objectifs en Algérie. Les réseaux sociaux pour dénoncer les atteintes à l’environnement ne suffisent pas. Signaler des décharges sauvages, des jardins et espaces verts abandonnés, des fuites d’eau et autres incivismes passe aussi par des outils plus sophistiqués. Des plateformes Web, souvent dotées d’applications numériques, lancées dans le monde, peuvent être utilisées à cet effet. En attendant des outils numériques environnementaux made in DZ. L’image d’une décharge sauvage ou d’une source de pollution à placer sur une carte pour responsabiliser les services de la commune concernée et, plus encore, pour inciter les citoyens à nettoyer quand cela est possible.

Lancé en Estonie, en 2008, lorsque plus de 50.000 personnes ont joint leurs efforts pour nettoyer, en une seule journée, les plus importantes poches de pollution dans le pays, le mouvement «Let’s Do It» est devenu mondial. Il s’appelle désormais «Let’s Do It World !». Il est doté d’une plateforme Web et d’une application sur Android. Et depuis, il a des adeptes dans 112 pays, dont l’Algérie, le Maroc et la Tunisie. Sur le site de «Let’s Do It World !» sont répertoriés plusieurs outils numériques et applications dont certaines sont locales (lancées par des pays) et d’autres sont globales (pouvant être utilisées partout).

Parmi ces applications, «World Cleanup Waste Mapper», téléchargeable pour les terminaux Android sur Play Store. Cette application permet de localiser des déchets sur une carte. Très critiquée, pour sa voracité en ressources de batterie (parce qu’elle utilise les données GPS), elle reste quand même une référence et une idée à généraliser. La version web de la plateforme peut suffire pour signaler l’endroit de la pollution constatée.

Quasi similaire de la précédente, la plateforme web Trashout permet aussi de localiser les «décharges illégales dans les villes et dans la nature». Par contre, elle dispose d’applications sur les trois systèmes d’exploitation mobiles : Android, iOS et Windows Phone. Trashout contient des milliers de données et de rapports de pollution provenant de plusieurs régions du monde. Elle peut aussi servir comme source d’information sur les formes de pollutions recensées et le type de déchets répertoriés. Dans la région Afrique, les données proviennent d’Egypte, du Kenya, de l’Algérie, du Maroc, de la Tunisie et d’Afrique du Sud.

Certaines initiatives sont gouvernementales. C’est le cas de l’application mobile «Waste Less» (moins de déchets) qui a été lancée par le Département de la protection environnementale du gouvernement de Hong Kong. Elle permet de localiser des points de collecte de déchets recyclables. Et dispose de plusieurs fonctions dont celle de s’informer sur les «meilleures pratiques» de protection de l’environnement et de partager des informations entre utilisateurs de l’application. Il existe d’autres applications, dans le même principe, comme Kingston Waste lancée dans l’Ontario au Canada.

Le rôle des entreprises

Le lancement de plateforme web et/ou des applications environnementales relève aussi de la responsabilité des entreprises et des collectivités locales. Elles peuvent avoir pour but d’informer sur les risques de certains déchets, inciter à l’économie d’énergie et des ressources et susciter l’écocitoyenneté en mettant à disposition des usagers des supports numériques pour informer ou alerter sur des atteintes à l’environnement.

Quelques exemples peuvent être cités à ce sujet. C’est le cas de l’application «Éco-gestes», lancée par le groupe français EDF, qui prodigue des «conseils pratiques» pour agir au quotidien afin de réduire la «consommation d’énergie (électricité, eau, gaz...)». L’application fournit aussi des «astuces» pratiques en matière de «tri, écolabels et de recyclage». Elle aide à établir une «liste personnalisée d’éco-gestes» et de les programmer.

Autre exemple, l’application «Guide du tri» mise en oeuvre par l’entreprise française Eco-Emballages SA dont la mission est «d’organiser le dispositif national du tri et du recyclage». L’application aide les utilisateurs à trouver «une solution écologique, économique ou solidaire» pour tous les objets dont ils souhaitent se débarrasser.

A quand des applications pour le contexte DZ ?

En Algérie, les entreprises (tous secteurs confondus), les collectivités locales et les organismes relevant du domaine de l’environnement devraient s’inspirer des modèles vus précédemment. D’autant qu’il y a tant à dire et à faire en matière de gestion des déchets, de lutte contre les décharges sauvages, d’encourager à l’écocitoyenneté et de prodiguer des conseils en matière d’économie d’eau et d’énergie.

Les APC (gestion des déchets - espaces verts), Sonelgaz et l’APRUE (économie d’énergie), la SEAAL (économie d’eau), les industriels du recyclage, le secteur du commerce (CACQE_) et la dizaine d’organismes sous tutelle du ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, devraient investir ce créneau en premier et donner l’exemple à suivre.

La formulation d’une telle demande en matière de développement d’applications et de plateformes web destinées à l’environnement et l’écocitoyenneté permettra aussi de renforcer la création de contenu local et d’encourager les compétences nationales (les étudiants notamment).