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Tadjamou Amal El Djazair (TAJ) : Trouver des alternatives et de nouvelles idées

par Ghania Oukazi

Le parti de Amar Ghoul a organisé, hier, sa conférence nationale économique et sociale et compte en reproduire le cadre au niveau régional en la rééditant dans plusieurs wilayas du pays.

La conférence de TAJ, qui n'a duré que quelques heures, a été organisée hier au siège d'une instance syndicale à Zéralda, en présence de représentants de l'ensemble des institutions publiques et privées. Compté parmi les attenants de la haute hiérarchie de l'Etat, civile et militaire, Amar Ghoul a reçu comme invités le représentant personnel du président de la République, Mohamed-Ali Boughazi, une dame représentante du Premier ministre, d'anciens ministres comme Yahia Guidoum, Mouldi Aissaoui, Mohamed Laïchoubi, des chefs ou représentants de partis politiques, des cadres de plusieurs ministères, des syndicalistes et patrons soutenus par plusieurs experts et analystes.

Dans son discours d'ouverture, le président de TAJ a rappelé, en quelque sorte, les grands événements qui ont marqué, ces dernier mois et jours, la scène nationale, régionale et internationale. Sa référence phare, la dernière lettre de Bouteflika à l'occasion du 19 mars qui lui fait dire que «le chef de l'Etat insiste sur la sécurité et la stabilité de l'Algérie ; il en fait des lignes rouges qui, si elles sont franchies entraîneront des dérives, des dangers et des explosions. » Ghoul salue l'accord entre les Maliens conclu à Alger et condamne le dernier attentat terroriste en Tunisie qui, dit-il, «(?) encourage la violence en Libye ».

Le président de Taj veut que sa conférence soit celle « des experts, nous sommes juste des observateurs et notre présence est symbolique ». Il expliquera aux journalistes, en marge des travaux, que « la conférence ne se tient pas dans un cadre partisan au regard des intervenants venus de divers horizons. » Pour lui, « c'est une journée des experts, des compétences, des énergies, où seront exposés quatre grands thèmes (santé, énergie, diversification de l'économie nationale, ressources humaines, moyens et méthodes nouvelles pour réformer le secteur des finances et banques. » Thèmes qui devaient être discutés dans l'après-midi, en ateliers. Ghoul fait savoir, en outre, que « chacune de ces problématiques fera prochainement l'objet d'une conférence régionale. » Pour lui, « il ne s'agit pas de prendre des décisions dans ce cadre mais de débattre des acquis à consolider, des bonnes actions à préserver, des insuffisances à combler, et corriger ce qui n'a pas bien marché (?). » Il doit certainement penser que toutes les conférences économiques et sociales qui ont été organisées, après que le FMI ait « conditionné » l'Algérie d'une manière draconienne, n'ont pas atteints les objectifs qui leurs ont été assignés. Ceci, même s'il estime juste qu' « au-delà des enjeux politiques, il y a aussi le volet économique et social pour garantir la paix et la stabilité du pays. » Ses mots-clés pour « trouver des alternatives et de nouvelles idées : vigilance, prudence, droits et devoirs. » Le dossier que la conférence de Ghoul aura constitué sur la base des débats lancés, sera, selon lui, remis au chef de l'Etat. Le président de Taj ne manquera pas de survoler la scène internationale pour en dénoncer « les complots de certaines pays et de ceux qui menacent la stabilité de la région.» Ghoul affirme ainsi que « Daech et ses pairs nous obligent à nous armer pour défendre le pays.»

Interrogé en marge de la plénière, Habib Yousfi, président du Conseil national de Taj, nous a souligné que «nous avons constaté que les partis politiques n'ont pas de programme économique et social, d'où la nécessité d'en ouvrir les débats. » Yousfi, qui est, en premier, président de la CGEOA (confédération générale des entrepreneurs et opérateurs algériens), pense même qu' «aucun parti politique n'a de projet de société, alors que c'est leur rôle d'en avoir. » Yousfi estime que les débats ouverts permettront de « faire la synthèse d'une démarche économique concrète, acceptable par tous, en lieu et place de généralités. » Il préfère reprendre sa casquette de patron privé pour faire part de sa déception au sujet de la dernière tripartite. « Aucune recommandation n'a été mise en œuvre à ce jour, pourtant, il y a un comité de suivi pour cela. » Il dénonce en outre « les entraves sur les responsabilités gouvernementales en matière de foncier, de bureaucratie, de problèmes au niveau des banques. » Il reproche aux établissements financiers de ne pas accorder de garantie à l'investissement privé lorsqu'ils doutent de sa rentabilité, alors qu'ils financent ceux publics à fonds perdus. «On ne peut prétendre qu'un projet est rentable à 100%, il y a toujours une part de risque à prendre en compte, » dit-il. Interrogé sur l'utilité de l'autorisation de l'Etat au privé algérien d'investir à l'étranger, le président de la CGEOA répond «la PME-PMI ne veut pas s'ingérer dans cette histoire, elle n'en a pas les moyens, cette autorisation est faite pour les grands hommes d'affaires».