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La grève se poursuit : Le CNAPESTE dénonce le «mépris» de la ministre de l'Education

par Mokhtaria Bensaâd

Le bras de fer continue entre le ministère de l'Education et le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (CNAPESTE).

La dernière décision de la ministre, Nouria Benghebrit, de recourir aux cours télévisuels et la mise à la disposition des élèves de cours scénarisés de l'ONEFD pour tous les élèves de terminale sur CD, avec accès à la plate-forme de l'ONEFD pour les évaluations et autres ressources n'a pas fait revenir le syndicat gréviste à de meilleures sentiments. La grève se poursuit pour le CNAPESTE et des sit-in seront organisés aujourd'hui devant les directions de l'Education des wilayas où le syndicat est représenté. Ceci en attendant l'organisation d'une journée de protestation nationale dont la date n'a pas encore été fixée. Le porte-parole du CNAPESTE, Messaoud Boudiba a affirmé hier que «le syndicat ne compte pas baisser les bras malgré les menaces du ministère et le mouvement de grève se poursuivra jusqu'à satisfaction de toutes les revendications». Sur les dernières mesures prises par le ministère pour rattraper les cours perdus, M.Boudiba estime que «les déclarations de la ministre de l'Education n'ont fait qu'envenimer la situation davantage et nous considérons que le recours au CD pour remplacer les enseignants n'est qu'une marque de mépris qui peut conduire au pourrissement de la situation. De plus se ne sont pas tous les élèves qui ont accès aux micro-ordinateurs».

Dans un communiqué rendu public, le CNAPESTE appelle à l'intervention des hautes autorités du pays pour régler ce problème et éviter de déstabiliser davantage le secteur.

La ministre de l'Education a déploré samedi lors d'une conférence de presse, la décision du CNAPESTE de poursuivre la grève en dépit du procès-verbal signé entre les deux parties le 8 mars sanctionnant plus de 10 heures de négociation. La ministre a qualifié le mouvement de grève du syndicat de débrayage «illégal». «La grève illimitée observée par le CNAPESTE est illégale et nous avons pris les mesures qui s'imposent en appliquant la loi», a-t-elle souligné. Réitérant que l'avenir de l'école algérienne était en «danger» en raison des grèves répétées depuis plus d'une dizaine d'années, Mme Benghebrit a aussi qualifié de «structurels» ces mouvements de grève d'autant plus que la situation que le pays traverse exige de la «solidarité, de l'engagement et le sens de la mesure». Elle a, par ailleurs, insisté sur l'urgence d'élaborer une charte d'éthique du secteur de l'Education afin de dégager un consensus entre les composantes de la corporation pour «instaurer un climat propice à la réalisation des objectifs escomptés».

Pour le ministère, les 14 revendications soulevées par le CNAPESTE «ont été prises en charge par le ministère» considérant que certains points dépassaient les prérogatives de la tutelle et les lois en vigueur telle la promotion systématique. Mme Benghebrit a affirmé, à ce propos, que la revendication relative à la promotion systématique est «contraire aux dispositions de l'ordonnance 06-03 du 15 juillet 2006 portant statut particulier de la Fonction publique».

Concernant les mesures prises par son ministère, Mme Benghebrit a estimé que «les grèves répétées dans le secteur sont susceptibles de nous amener à mettre en oeuvre l'initiative de renouvellement pédagogique à travers l'enseignement à distance et l'utilisation de l'informatique». Parmi les conséquences de la grève, la ministre a réaffirmé le recours à la ponction sur le salaire des enseignants grévistes, mission confiée aux directeurs des établissements éducatifs et des directeurs de l'Education de wilaya. A propos de la possibilité de remplacer les enseignants grévistes pour rattraper les cours, la première responsable du secteur a indiqué qu'il «ne s'agissait pas de remplacement : le ministère a fait appel à des enseignants retraités pour l'accompagnement et le soutien des élèves».

Elle a en outre démenti les rumeurs faisant état du report de l'examen du bac blanc, soulignant qu'elles tendent à susciter la panique et à perturber les élèves.