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Un camp de l'ONU bombardé : Le Mali renoue avec la violence terroriste

par Yazid Alilat

La violence terroriste semble reprendre du terrain au Mali après plus de deux ans d'accalmie sur le sillage de l'opération militaire française Serval et d'une force panafricaine dans le nord du pays pour le débarrasser des groupes d'Aqmi.

Le camp de Kidal de la Mission des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) a été la cible hier dimanche au petit matin de tirs de roquettes qui ont tué un Casque bleu de l'ONU et deux civils. Les auteurs de cette attaque qui ne se sont pas identifiés ont bombardé de roquettes le camp de la Minusma, indique un communiqué de la Mission qui fait état d'un soldat tué et de huit blessés dans ses rangs ainsi que de deux morts et quatre blessés parmi la population civile à l'extérieur du camp. « Vers 05h40, le camp de la Minusma à Kidal a essuyé plus d'une trentaine de tirs de roquettes et d'obus. Une fois la provenance des tirs établie, des soldats de la Minusma ont immédiatement riposté à deux kilomètres du camp vers 06h00 », selon le même communiqué. « Cette attaque intervient alors que des progrès ont été enregistrés à Alger lors des pourparlers de paix », selon la Minusma, faisant référence à l'accord paraphé le 1er mars dans la capitale algérienne par le gouvernement malien. La Minusma a exprimé « son indignation face à la lâcheté des auteurs de ces tirs qui ont également atteint des citoyens innocents ». Selon des sources au sein de la Minusma, certaines roquettes étaient tombées dans un campement situé à environ trois kilomètres du camp des Nations unies où elles ont tué des civils appartenant à la tribu arabe des Kountas. Cette attaque intervient au lendemain de la nomination d'un nouveau commandant de la Minusma par l'ONU qui a annoncé vendredi la désignation du général danois Michael Lollesgaard à la tête des Casques bleus au Mali. Il succédera au général rwandais Jean-Bosco Kazura qui avait été nommé en juin 2013 et a terminé son mandat mi-décembre 2014, précise un communiqué de l'ONU. La Minusma, qui a pris en juillet 2013 le relais d'une force panafricaine pour contribuer à la stabilisation du Mali, doit compter 12.600 hommes à effectifs pleins. Mais, au 31 janvier dernier, elle ne comptait que 9.754 militaires et policiers déployés sur le terrain. En outre, le bombardement du camp de la Minusma à Kidal a été perpétré au lendemain de l'assassinat de deux expatriés européens et trois Maliens dans l'attaque d'un restaurant à Bamako vendredi soir.

Hier dimanche, la sécurité était renforcée dans la capitale où de sévères contrôles policiers et militaires étaient organisés sur les trois ponts du fleuve Niger et la police anti-criminelle, équipée de gilets pare-balles était déployée en force. Cette attaque, qui remet au goût du jour la sécurité dans la capitale malienne au plus fort des pourparlers de paix dans le nord du pays entre factions rivales, a été revendiquée par le groupe terroriste Al-Mourabitoune dirigé par Mokhtar Belmokhtar. L'Attaque, menée par un commando composé de deux terroristes, s'est soldée par la mort de cinq personnes, dans la nuit de vendredi à samedi à Bamako. Le groupe de Belmokhtar a justifié cette attaque comme étant une riposte aux caricatures blasphématoires de Charlie Hebdo et pour venger un de ses éléments abattu par les militaires français lors de l'opération Serval en janvier 2013 au nord du Mali. « Nous revendiquons la dernière opération de Bamako menée par les vaillants combattants d'Al-Mourabitoune pour venger notre prophète de l'Occident mécréant qui l'a insulté et moqué, et notre frère Ahmed Tilemsi » tué par l'armée française en décembre, affirme un porte-parole sur cet enregistrement. C'est l'agence d'information privée mauritanienne Al Akhbar qui sert de relais médiatique aux groupes terroristes au Sahel, dont celui de Belmokhtar auquel s'est joint le Mujao, responsable de l'enlèvement en avril 2012 de diplomates algériens à Gao (Nord du Mali), qui a diffusé cette information. Le gouvernement malien avait dénoncé une attaque «terroriste», affirmant qu'il ne se laisserait « pas intimider par ceux qui n'ont d'autres desseins que de faire éloigner les perspectives de la paix ». La Katibat des Mourabitoune est responsable, faut-il le rappeler, de l'attaque du site gazier de Tiguentourine.