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LE SAVOIR, VRAI FONDS DE COMMERCE

par M. Abdou BENABBOU

Le gouvernement vient de confirmer sa promesse de mettre des locaux commerciaux à la disposition de ceux qui ont montré leurs preuves dans le cadre de l'ANSEJ. Si elle semble a priori louable, cette décision volontariste est totalement en porte à faux avec la réalité du terrain. Un local et une adresse sont des éléments de base pour lancer une activité économique nouvelle et constituent une des colonnes vertébrales pour un registre de commerce.

On ne connaît pas les futurs heureux bénéficiaires mais l'on devine que ces espaces ne vont pas être distribués comme des petits pains. Alors le flot des virulentes protestations et turbulences qu'ils engendreront sont à craindre, les unes légitimes, d'autres farfelues pour démontrer que pour cette politique d'emploi des jeunes, la charrue a été mise avant les bœufs. Une des preuves tangibles de cette remarquable inconséquence serait les innombrables poursuites en justice contre ceux qui de différentes manières ont flanché.

Le milieu social de ceux parmi les jeunes et moins jeunes qui ont tiré leur épingle d'un jeu censé créer des emplois est connu, comme le sont leurs ramifications avec le monde politique et économique. Ne réussit pas à monter une affaire aussi humble soit-elle qui veut. La gageure est d'autant plus grande quand le savoir-faire est une denrée inconnue et quand l'économie informelle sévit en reine sans retenue.

Malgré les milliers de milliards distribués et supposés permettre à des jeunes de retrouver une raison de vivre, il était attendu que cette action à elle seule ne pouvait suffire à faire de nos jeunes des hommes d'affaires capables de venir à bout d'un marché pervers et en même temps réussir à dénicher une place au soleil entre les murs du savoir-faire imposés par la mondialisation.

Si tant est qu'un local est utile, il ne reste qu'une aléatoire parade quand l'essentiel est absent. Sans le vrai et puissant fonds de commerce de la formation et du savoir, il est une coquille vide.