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TEBESSA: L'Artisanat au féminin

par Ali Chabana

L'instant d'une célébration, le temps d'un passage furtif. Quelques-unes osent se mettre au-devant de la scène et faire valoir leur aptitude pour ne pas rester, éternellement, cantonner dans l'ombre de quelqu'un d'autre. A l'occasion de la Journée internationale de la Femme, ce jour-là, elles sont aux petits soins, chouchoutées et dorlotées, considérées comme la moitié de l'homme, l'épouse, la sœur et la mère. Rencontrées à la Maison de la Culture de Tébessa, des jeunes femmes, artisans, toutes femmes au foyer, sont venues exposer leurs produits, avec beaucoup d'humilité et de patience.

Des jeunes filles de l'Association «Horizons», issues, pour la plupart, de milieux défavorisés, nous ont parlé de leur passion pour ce qu'elles faisaient, très vite transformé en activités, certes peu lucratives, grâce, notamment, à l'aide de leur présidente Mme Mizab Wahiba. Celle-ci, par son action presque bénévole, offre l'opportunité, à plusieurs d'entre elles, de bénéficier d'une formation, d'un métier à tisser et d'outils de travail de la laine par-ci, habit traditionnel et confection de tapis, kachabias, par-là. Un apprentissage transmis d'une grand-mère qui voulait perpétuer son savoir-faire en le léguant à ses descendants. Aujourd'hui, elles, aussi, ont cette envie de partager leur acquis. Après une courte formation, dans un atelier, et déjà, elles sont d'attaque: elles nous montrent leurs travaux, exécutés avec art et minutie. Timides qu'elles sont, elles n'ont, aucunement, la prétention de se mettre en évidence mais seulement évoquer quelques soucis dans l'exercice de leur travail, aussi sollicitent-elles plus de gratitude, de compréhension et de reconnaissance. C'est le cas de la présidente de l'Association «Renouveau de la femme», Mme Hasnaoui Najoua qui dit: «c'est une passion que je n'arrive pas à m'en débarrasser, telle une drogue, elle coule dans mes veines.». C'est ainsi qu'elle nous retrace, avec émotion, son parcours et comme pour nous convaincre, elle feuillète son album-photos, de toutes les manifestations où elle avait pris part; la couture, la broderie, l'habit traditionnel c'est son créneau, le terroir c'est sa source d'inspiration. Et cette «gaâda tébessia » comme elle la désigne, un chez-soi typiquement local, tapisserie, habit et spécialités culinaires et une touche de compétence dans la tenue d'une exposition. Elle est demandée et invitée de partout, cela ne l'empêche pas de tenir, parfaitement, son rôle de mère de famille.

Pas question d'abdiquer, après ce long chemin de sacrifice, en dépit du peu de considération et de soutien, elle croit en ses capacités, d'apporter un plus à ses congénères, femmes au foyer, parfois sans ressources qui viennent chercher, auprès d'elle, la manière de confectionner une «malh'fa», voile traditionnel ou une «fetla». Toutes unies, elles revendiquent plus d'égard pour ce qu'elles réalisent. Elles sont les femmes gardiennes du temple d'un patrimoine en déperdition qu'elles essayent de préserver à l'aide leurs mains d'or. Elles ne voulaient pas rester inactives et se rendre utile paraîtn pour ces êtres si gracieux, le seul moyen de sortir de l'anonymat.