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L'Arabie Saoudite inonde le marché : Le nouveau roi baisse le prix du pétrole

par Yazid Alilat



Ce n'était qu'un feu de paille. Les cours du brut ont repris, vendredi, juste avant la clôture hebdomadaire, les sentiers de la baisse, après avoir rebondi, dans les premiers échanges, à la suite de l'annonce de la mort du roi Abdallah d'Arabie saoudite. Le nouveau souverain du royaume, Salmane Ibn Abdelaziz, qui a réglé en quelques minutes la question de sa succession, a fait un discours dans lequel, il a, surtout, confirmé qu'il va poursuivre la politique de son demi-frère disparu. Il a surtout rassuré les marchés, un moment inquiets, que la politique énergétique du royaume ne sera pas revue, ni changée. En clair, Ryadh maintient sa politique de pression sur les pays producteurs, non membres de l'OPEP, en assurant un large approvisionnement du marché, ce qui, traduit en termes de cours, fait plonger la valeur du baril. Vendredi, en clôture, les cours de l'or noir ont donc dévissé à un niveau inédit, depuis presque six ans, les craintes sur la transition politique en Arabie Saoudite s'étant estompées, après le discours de Salmane. Le baril de «light sweet crude» (WTI), le léger américain, pour livraison en mars a perdu 72 cents, à 45,59 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), terminant à un plus bas, en clôture, depuis le 11 mars 2009, quand il avait clôturé à 42,33 dollars. A Londres, par contre, le baril de Brent de la mer du Nord, pour la même échéance, a fini en petite hausse, de 27 cents, à 48,79 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). En fait, les courtiers sur les salles de marchés ont pris en compte, après le discours du souverain saoudien, qu' «'il n'y aurait pas de changement dans la politique énergétique de l'Arabie Saoudite et que la situation de surabondance dans laquelle se trouve le marché, n'allait pas être modifiée».

«La première action du nouveau souverain a été de rassurer, sur le maintien du cap mais aussi du personnel politique, ce qui a, instantanément, apaisé les inquiétudes», estime un agent de courtage. Pour les pays producteurs membres de l'OPEP, cette décision a été, diversement, appréciée. Car si pour les pays du Golfe, la situation de surabondance du marché leur permet de maintenir leurs parts de marché, même avec un prix du brut, en-deçà de ses niveaux historiques, pour les autres pays de l'Organisation, dont l'Algérie, il est clair que Salmane a pris la mauvaise décision.

Celle de la confrontation avec les pays producteurs non membres de l'Opep. Les récents propos du ministre émirati du pétrole sont édifiants sur cette bataille, entre les pays du CCG et les pays producteurs dont les Etats-Unis. «Nous disons au marché et aux autres producteurs d'être rationnels, de suivre l'Opep et d'agir pour une croissance du marché», a-souligné Souhail Mizraoui, pour qui «l'Opep ne peut plus protéger» le prix du baril de pétrole. «Nous avons connu une surproduction, venant, essentiellement, du pétrole de schiste, et cela doit être corrigé», a-t-il lancé. A contrario, l'Algérie, par la voix de son ministre de l'Energie avait estimé que l'OPEP doit « intervenir » pour corriger les déséquilibres du marché par la baisse de sa production, pour faire repartir à la hausse le niveau des prix du brut, qui devraient, cependant, rebondir en 2015-2016. Avec un recul de plus de 60% depuis le mois de juin dernier, les cours actuels de l'or noir sont inquiétants. L'Algérie, avec des réserves de change qui lui permettent, tout au plus, de tenir 2 années avec des niveaux de prix stressants à moins de 50 dollars/baril, est au premier rang des pays durement impactés par la décision de l'Arabie Saoudite de maintenir une offre de brut excédentaire sur le marché international, au moment où les économies occidentales et même la Chine, observent un ralentissement de leur croissance. Des scénarios catastrophe ne sont pas encore, pour autant, mis en oeuvre par le gouvernement, qui, pour le moment, parle seulement de mesures urgentes pour compresser les importations et les ramener, au moins, au même niveau que les exportations, à 99% constituées d'hydrocarbures.