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Attentat contre l'ambassade d'Algérie en Libye

par Yazid Alilat



L'ambassade d'Algérie à Tripoli, évacuée en mai dernier, a fait l'objet d'un attentat à la bombe hier, faisant trois blessés. Selon la chaîne TV Sky News, l'explosion a eu lieu près du poste de garde de l'ambassade. Aucune revendication de cet acte terroriste n'a été faite hier. La capitale libyenne est tombée aux mains d'une coalition de groupes armés, Fadjr Libya, en août dernier. L'ambassade d'Algérie à Tripoli et le consulat général ont été fermés le 16 mai 2014 en raison d'une «menace réelle et imminente» visant ses diplomates, avait annoncé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. «Suite à des informations certaines sur l'existence d'une menace réelle et imminente ciblant nos diplomates et agents consulaires, il a été décidé, en coordination avec les autorités libyennes, de procéder, à titre préventif et urgent, à la fermeture de notre ambassade et de notre consulat général à Tripoli», avait précisé le ministère des Affaires étrangères. Dans les jours qui ont suivi l'annonce de la fermeture de la représentation diplomatique algérienne en Libye, après l'évacuation du personnel et de l'ambassadeur un mois auparavant, le groupe pétrolier Sonatrach annonçait également sa décision de rapatrier ses employés et de suspendre ses activités dans ce pays pour des raisons de sécurité. «Les intérêts de l'Algérie sont actuellement ciblés en Libye. La décision a donc été prise pour rapatrier la cinquantaine d'employés de Sonatrach activant dans ce pays», avait expliqué une source gouvernementale. Sonatrach avait en fait suspendu en 2011 ses activités en Libye en raison de l'insécurité dans le pays, devenu otage de milices armées après la fin du régime de Mouammar Kadhafi.

MINCE ESPOIR DE PAIX A GENEVE

En Libye, la coalition Fadjr Libya a annoncé vendredi un «cessez-le-feu» sur tous les fronts, dans le sillage des négociations à Genève sous l'égide de l'ONU entre plusieurs des parties au conflit. Fadjr Libya a affirmé dans un communiqué avoir accepté «un cessez-le-feu» à condition que «les autres parties respectent la trêve», faisant référence aux forces armées «régulières» dirigées par le général Khalifa Haftar, proche du gouvernement reconnu par la communauté internationale. La coalition Fajr Libya s'est engagée «à ouvrir des couloirs de sécurité pour la fourniture d'une aide humanitaire», tout spécialement pour Benghazi, la deuxième ville du pays qui échappe au contrôle du gouvernement reconnu par la communauté internationale. Elle a par ailleurs appelé la communauté internationale à empêcher «les combattants étrangers d'arriver en Libye», faisant là allusion aux groupes armés qui veulent rejoindre les cellules de Daech en Libye, notamment Ansar Dine d'Iyad Ag Ghali. A Genève, les parties au conflit, mais pas les milices armées comme Fadjr Libya, sont parvenues vendredi au cours du premier round de négociations, à un accord sur un calendrier en vue de former un gouvernement d'unité, selon un communiqué de l'ONU. Bernardino Leon, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye et chef de la mission de l'ONU (Misnul), a indiqué que «toutes les parties qui sont engagées dans une Libye stable et démocratique à travers des moyens pacifiques» avaient été invitées à Genève. Pour autant, il est difficile de rapprocher les deux gouvernements autoproclamés actuels, celui soutenu par Fajr Libya, et celui soutenu par le général Haftar et reconnu par la communauté internationale, qui siège à Al-Baïda, à Tobrouk. Les parties libyennes étaient réunies depuis mercredi dans la capitale helvétique sous l'égide de l'ONU pour trouver une issue à la crise politique et sécuritaire qui rapproche la Libye du chaos. «Elles sont parvenues à un accord sur un agenda en vue de former un gouvernement d'unité», selon un communiqué de l'ONU. Ces parties politiques ont également appelé à une cessation des hostilités pour faciliter le dialogue. Ces entretiens devraient se poursuivre la semaine prochaine, toujours sous l'égide de Bernardino Leon, pour faire avancer l'option du dialogue, comme préconisé par l'Algérie, pour faire sortir le pays de l'impasse actuelle. Des représentants de groupes armés, non présents à Genève, doivent se décider, d'ici à la semaine prochaine, s'ils veulent rejoindre ou pas la table des négociations. L'ONU n'a pas précisé quand ces entretiens reprendront. «Les discussions ont été constructives et ont été menées dans une atmosphère positive», estime le représentant de l'ONU. Les participants demandent la libération des détenus illégalement, que la question des déplacés et des réfugiés soit traitée, la réouverture des aéroports et la liberté de mouvement dans le pays, ajoute Leon.