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Charlie Hebdo : Anonymous déclare la guerre électronique aux sites djihadistes

par Farid Farah

Les médias et les politiciens n’ont pas été les seuls à exprimer leur soutien à Charlie Hebdo, après l’attaque terroriste qui a fait 12 morts, mercredi dernier. Les géants de l’Internet, dont Google et Facebook , et le célèbre groupe de pirates informatiques, Anonymous, ont apporté, chacun à sa manière, sa part de solidarité.

Le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, a condamné l’attaque contre Charlie Hebdo, Google a fait un don de 250.000 euros pour soutenir la revue satirique, et Apple affiche la bannière "Je suis Charlie" sur la version française de son site Web. Dans un message publié sur sa page Facebook personnelle, vendredi dernier, Mark Zuckerberg a appelé à rejeter tous les avis extrémistes qui veulent faire taire l’ensemble des voix et opinions existantes dans le monde. "Ces avis ne pourront jamais se produire sur Facebook", a-t-il écrit. "Je me suis engagé à construire un espace dans lequel vous pouvez vous exprimer librement sans aucune crainte des réactions violentes", a-t-il ajouté. Zuckerberg a également révélé qu'il avait reçu des menaces de mort en 2012 à la suite de son refus de supprimer des publications négatives sur le prophète Mohamed. "Un extrémiste pakistanais m’a condamné à mort à cause du refus de Facebook d’interdire la publication de contenus jugés diffamatoires à l’encontre du prophète Mohamed", a-t-il dit.

Par ailleurs, Google a mis un ruban noir sur sa "homepage" et s’est engagé à offrir 250.000 euros pour soutenir la revue satirique via des fonds de la presse numérique. Les journalistes survivants à l’attaque ont promis de publier, ce mercredi, un numéro spécial du magazine avec des pages beaucoup plus grandes. Apple a actualisé son site français pour inclure une bannière baptisée "Je suis Charlie". Cette phrase et le «hashtag» #JeSuisCharlie ont marqué la tendance sur les réseaux sociaux Twitter, Facebook et Tumblr, pour exprimer sa solidarité avec les victimes de l’attaque de Paris.

Dans ce contexte, il est utile de rappeler qu’en 2010 Apple avait interdit, de son espace iTunes, une application développée par le caricaturiste Mark Fiore, lauréat du prix Pulitzer, dans laquelle il lance un appel pour interdire la conception de dessins satiriques sur des personnalités publiques. Mais la compagnie a annulé sa décision suite à de virulentes critiques formulées par plusieurs militants de la liberté d’expression.

@OpCharlieHebdo

Par ailleurs, plusieurs sociétés des médias se sont engagées pour soutenir le magazine Charlie Hebdo. Le groupe Guardian a fait un don de 100.000 livres sterling. Deux jours après l'attentat contre Charlie Hebdo, les dons et soutiens affluent déjà de toutes parts. Près de 100 000 euros ont aussi été réunis via une cagnotte Leetchi ouverte au public. Depuis mercredi dernier, le nombre d'abonnés à l'hebdomadaire satirique a plus que doublé, rapporte Le Figaro.

Sur un autre registre, le collectif de pirates informatiques Anonymous a déclaré la guerre numérique aux sites terroristes réel. En réponse aux attaques terroristes de Paris, il a lancé une campagne punitive baptisée "OpCharlieHebdo", destinée à venger les victimes des attentats de Charlie Hebdo, au nom de la liberté d'expression. La destruction des sites djihadistes est le but principal de cette guerre électronique. Le site Web Ansar Al Haqq, plateforme de contenus islamistes, était ainsi hors service lundi dernier, victime d'une cyber-attaque d'Anonymous, revendiquée sur le compte Twitter @OpCharlieHebdo. Ce site renvoyait à la «homepage» du moteur de recherche Duckduckgo. Quelques heures plus tard, une vingtaine d’autres sites, attribués à des djihadistes, ont été également bloqués.

Dans une vidéo, publiée samedi dernier, une personne qui portait le masque de Guy Fawkes, symbole officieux du collectif, avait annoncé des représailles à l’attaque de Paris. "Nous déclarons la guerre contre vous, les terroristes", affirme le hacker. "La liberté d'expression et d'opinion est une chose non négociable, s'attaquer à elle, c'est s'attaquer à la démocratie. Attendez-vous à une réaction massive et frontale de notre part car le combat pour la défense de ces libertés est la base même de notre mouvement", a-t-il ajouté. Dans la foulée, le collectif des hackers a publié sur le site pastebin.com les coordonnées de dizaines de comptes Twitter et Facebook de djihadistes présumés.

Néanmoins, cette entrée en jeu d’Anonymous dans la guerre numérique contre les djihadistes n’est pas du goût des experts de la sécurité informatique. Pour Olivier Laurelli, s’attaquer aux sites web des djihadistes est de nature à compromettre le bon déroulement des investigations. "A partir du moment où l’on s’attaque à leurs réseaux où ils communiquent, on interfère dans le travail des enquêteurs. Ce n’est pas en mettant des sites hors service que l’on va régler quoi que ce soit", a-t-il déclaré à l'AFP.