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Du cauchemar «éveillé» d'un looser!

par El-Houari Dilmi

Parce qu'il était dit que celui qui voit son rêve se réaliser, n'a plus besoin de dormir... sauf s'il a d'autres rêves ! Pourtant, des ornières de la vie, il ne sortit jamais. Son nom était personne. D'abord looser, à la tête aussi grosse que ses rêves brisés, il apprend, très jeune, à troquer ses ambitions érectiles contre ses désillusions castrées. Ses cauchemars ruinés contre ses songes «ergotés». Son statut génétiquement modifié contre son grade biologiquement rapetissé. Arrivé à la moitié du gué «dérouté» de toute sa vie, il apprend par ses géniteurs, laborantins clandestins, à polir les aspérités hideuses de sa nature de fauve rétif contre un esprit de bête de cirque festif.

Il apprend surtout à ne jamais montrer patte blanche quand on a le faciès trop «flagrant» d'une gueule noire. A ne pas se chauffer les mains suceuses sur un brasero piégé. A toujours renoncer à son jeu en dessous de table pour une partie, trop risquée, de roulette russe. A mains découvertes ! A ne jamais se brûler la face à vouloir doubler le chef à bâbord lorsque celui-ci a toujours appris à griller la priorité à tribord. Parvenu à monter jusqu'à l'avant-dernier étage de la demeure hantée des «mal-vivants», on fera «accidentellement» arracher le plancher de l'ascenseur pour « lui » montrer et (dé) montrer qu'il ne faut surtout pas s'aventurer à vouloir «monter en haut» lorsque l'on n'a pas appris à «descendre trop bas». Repêché par des anges venus d'une autre planète, il crut enfin s'agripper aux murs glissants de la demeure fantomatique de ses laborantins clandos, quand des bras actionnés «d'en haut» le tirèrent net vers le plancher en pente accentuée, pour chuter net en plein dans la fosse aux lions affamés.

Mûri par son âge indécis et son temps imprécis, il apprit, enfin, à ne jamais confondre un bûcher haut juché avec un chalumeau fourré dans la chaussette déchirée de son pied plat gauche, piège caché de toutes les chutes fatales. Et il se rappela l'histoire poignante de cet homme qui en voulant décrocher la lune, se mit à rêver à croquer en plein dans le soleil brûlant, avant de se cramer les ailes et chuter lourdement du haut de ses chimères, en plastique recyclé. Dans ses élucubrations nocturnes et ses cauchemars insomniaques, il se souvint même de ce petit poisson rouge dans son bocal translucide, et qu'il croyait pouvoir chérir et nourrir jusqu'à sa belle mort. Mais malheur lui en prit à jamais lorsque par de tristes aurores, il découvrit, les yeux mouillés, que son poisson s'était fait violence en se faisant hara-kiri avec sa propre arrête dorsale. A la fin de sa vie délavée, il comprit, enfin, qu'il était peut-être plus facile de faire passer un ouragan par le chas d'une aiguille érodée que de marcher sur l'eau sans jamais se «mouiller» les pattes. Jusqu'à ras du cou ! Son nom était personne!