Rencontrée sur un banc dans la grande salle de la daïra, une femme nous
confie «depuis le 16 novembre que j'attends ma carte d'identité nationale. Je
suis une retraitée et je ne peux pas accéder à mon solde à cause de cette
pièce». Cette dame prendra le soin de nous montrer le récépissé avec sa photo
qu'on lui a délivré après le dépôt de son dossier. Interrogé, le présupposé au
guichet, chargé de la délivrance des pièces d'identité prêtes, avouera «nous
avons accusé un grand retard. Nous sommes en train de liquider les gens qui ont
déposé en novembre», nous lance-t-il. Nous osons lui dire «quid des annonces du
ministre de l'Intérieur qui avait déclaré que désormais les pièces d'identité
vont être livrées en 24 heures ?» Moqueur, il soulignera «auparavant, on les
délivrait le même jour». «Où se situe le blocage donc ?» nous demandons. «Il y
a une rupture des cartons», dira-t-il. Nous réussissons à nous glisser jusqu'au
chef de service, occupé à vérifier les dossiers déposés. Il nous dira que tout
récemment ses services ont reçu un quota de 2000 cartons alors qu'ils ont
demandé 5000. Et de remarquer «nous recevons les spécimens au compte-goutte».
Il nous apprendra que chaque jour ses services réceptionnent 250 nouveaux
dossiers. Or, avec le retard cumulé, ils ne peuvent pas satisfaire toute la
demande. La centralisation de la délivrance des cartes d'identité nationale au
niveau de la daïra a créé une grande pression sur les employés et les
responsables de cette structure. La simple visite à ce lieu permet de vérifier
ce constat. Lors de notre passage, des citoyens nous ont mis au courant du cas
d'une vieille femme qui s'était évanouie avant d'accéder à un guichet.
Soulignons que le cas des cartes d'identité n'est pas unique. D'autres
documents connaissent la même pénurie. Un citoyen, avocat, nous montre un papier
qui lui sert de permis et qu'il exhibe en cas de contrôle. Ce document date du
mois d'août dernier. «A chaque fois on me sert la même réponse»,
s'exclame-t-il. Précisons qu'après une rupture de cartons, notamment de la
carte d'identité nationale, les services de la daïra ont reçu un premier quota
pour parer au plus pressé. Mais avec le cumul des retards, ces services
risquent de demeurer inscrits dans l'urgence.
Ce qui porte un coup aux engagements du ministre de l'Intérieur qui a, il
faut le reconnaître, a essayé de faciliter les choses en éliminant certains
documents exigés auparavant. Mais auparavant la durée de délivrance de cette
pièce d'identité n'excédait pas une semaine.