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AADL, 87 bis et chute du prix du pétrole : Le programme social ne sera pas touché

par Ghania Oukazi

«J'affirme, fermement, qu'aucun mètre carré ne sera diminué des programmes de logements, inscrits dans le quinquennat 2015-2019 et notamment ceux de l'AADL et du Logement social, », nous affirme le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme.

Abdelmadjid Teboune que nous avons contacté, nous fait savoir, à cet effet, que «le Premier ministre a avisé les membres du gouvernement de l'importance de l'instruction donnée par le président de la République qui les oblige de ne pas toucher un centime des volumes financiers consacrés à la mise en œuvre du programme social, dans tous ses volets, y compris ceux consacrés à la revalorisation des salaires, à la faveur de l'abrogation de l'article 87 bis qui interviendra, comme prévu, à partir de ce mois de janvier 2015.» Le ministre de l'Habitat veut ainsi, nous dit-il, «rassurer le monde du travail, mais aussi, tous les citoyens, en leur disant que les programmes de son secteur, en premier AADL et ceux du Logement social, inscrits dans le nouveau quinquennat, seront réalisés en leur temps, comme prévu, décidé et arrêté.» Il précisera, encore, en substance, que «nos engagements seront tenus concernant l'éradication des bidonvilles, à fin 2015 et le règlement de la crise du logement à fin 2018.» Pour Abdelmadjid Teboune, «même, si le prix du pétrole descendra à 60 dollars le baril, le budget consacré à la réalisation du programme social, dans toutes ses dimensions, ne sera pas revu à la baisse.» Le ministre de l'Habitat a expliqué que «le budget consacré au programme social, retenu dans le nouveau quinquennat, sera utilisé, prioritairement, pour le logement, la santé, l'éducation, l'eau, l'énergie, la lutte contre le chômage et bien sûr, la revalorisation des salaires, de tous les travailleurs, à l'effet de l'abrogation de l'article 87 bis, ça va de soi.» Contacté, aussi, par nos soins, le Secrétaire général de l'UGTA insère ses propos dans cet ordre d'idées, en affirmant que «le président de la République a donné une instruction ferme au gouvernement de ne pas toucher à un centime du programme social inscrit dans le quinquennat 2015-2019.» L'affirmation de Abdelmadjid Sidi Saïd la veut, nous a-t-il dit pour que «le monde du travail et les ménages n'aient aucune inquiétude à ce sujet et qu'ils ne doivent pas écouter les fossoyeurs de la paix sociale qui veulent, absolument que la chute du prix du pétrole que connaissent, actuellement, les marchés mondiaux bouleverse les équilibres financiers de l'Algérie.» Le Secrétaire général de la Centrale syndicale nous souligne, encore une fois, que l'instruction donné par le chef de l'Etat au gouvernement Sellal, impose, à ce dernier, de respecter le programme social, inscrit dans le Quinquennat 2015-2019 à savoir : nous précise-t-il, «tout ce qui concerne la couverture des besoins sociaux des citoyens en matière de logement, de santé, d'eau, et bien sûr de revalorisation des salaires de tous les travailleurs, à partir de janvier 2015 et ce, après que l'article 87 bis ait été abrogé.»

«AUGMENTATION SENSIBLE DES SALAIRES, A PARTIR DE JANVIER 2015»

Sidi Saïd assure au sujet de cet article qui a été supprimé à la faveur des travaux de la dernière tripartite que «le président de la République ne reviendra jamais sur une décision qu'il a prise, notamment quand il s'agit du bien-être du monde du travail.» Il nous explique alors que «l'abrogation de l'article 87 bis provoquera la suppression de charges qui permettra de libérer les salaires pour les élever à des niveaux supérieurs.» Les revenus «de tous les salariés» connaîtront, ainsi, selon lui «une augmentation sensible notamment pour ceux de la Fonction publique.» Le secteur économique «c'est-à-dire les entreprises publiques et privées», souligne le SG de l'UGTA «sont, elles aussi, concernées et devront assurer une augmentation des salaires de tous leurs travailleurs mais le niveau sera déterminé sur la base des négociations ou conventions, signées entre leurs organes sociaux.» Il prend l'exemple du secteur des textiles pour nous indiquer qu'«après l'abrogation de l'article 87 bis, ce secteur verra sa masse salariale augmenter de 55%, à partir de janvier 2015, en raison d'une hausse des salaires dont la moyenne globale se situera entre 20 et 22% et touchera tous ses travailleurs.» Sidi Saïd tient à dire «aux destructeurs de la Nation, à tous ceux qui veulent créer des angoisses, inutilement, aux Algériens, que le train de la stabilité ne peut pas être ébranlé.» Il affirme avec insistance qu'«il ne s'agira, nullement, de revoir ce qui a été décidé en matière de révision des salaires après l'abrogation du 87 bis, ce n'est pas une supposition mais une certitude.» Il dira «à ceux qui aiment toujours nager en eau trouble, qu'ils ne pourront pas troubler la paix sociale.»

«NOUS AVONS DES AMORTISSEURS POUR FAIRE FACE A LA CHUTE DU BARIL»

Du côté du ministère des Finances, des responsables nous disent que «les réserves de change sont, nettement, suffisantes et les ponctions prévues seront minimes par rapport à leur niveau actuel, ceci, même si le prix du baril de pétrole chute à 60 dollars.» L'on nous apprend, ainsi, qu'«avec le niveau des réserves de change et celui atteint par le Fonds de régulation pétrolière, le gouvernement pourra, chaque année, et ce, pendant 5 ans, puiser 18 à 20 milliards de dinars, dans le budget de l'Etat, pour assurer la réalisation de tous les programmes sociaux.»

Le ministre de l'Energie, s'est voulu, lui aussi, rassurant à ce sujet. Il l'a fait savoir, mardi soir, à la télévision publique. «Je ne pense pas qu'on puisse parler d'une crise, au vrai sens du mot, il est vrai que la chute du prix du pétrole est importante (?), que nos rentrées en devises ont diminué, mais nous avons des amortisseurs pour y faire face et compenser, nous n'avons pas de dettes, nous avons le Fonds de régulation pétrolière, on prévoit de renforcer l'exploration du pétrole et optimiser la production de nos champs pétrolifères.» Mais pour Yousef Yousfi, «la priorité des priorités du gouvernement est de diversifier l'économie nationale.» D'autant, selon lui, que «nous avons pour cela de grandes potentialités dans l'Industrie, l'Agriculture et le Tourisme.» Bien qu'il affirme, cependant, que «la baisse du prix du baril de pétrole n'est pas dans l'intérêt de l'Algérie», le ministre de l'Energie veut conforter, davantage, son optimiste et déclare qu'«on ne garde pas les bras croisés devant la crise et ses effets, les négociations continuent entre les pays membres de l'OPEP pour revoir le prix à la hausse et s'entendre sur la diminution de la production.» L'Algérie a, selon lui, proposé une réduction de l'ordre de 5% de la production pour éponger les 2 millions de barils/jour qui sont considérés comme surplus sur les marchés mondiaux. Il fera savoir qu'une réunion (hors OPEP) des grands producteurs de pétrole (Arabie Saoudite, Russie (?) se tiendra, en février prochain, au Venezuela, pour chercher une issue à la chute du prix du baril. «Mais une réunion extraordinaire des pays membres de l'OPEP peut intervenir à n'importe quel moment, nous continuerons de négocier pour diminuer la production et freiner la chute du prix,» dit-il. Abdelmadjid Attar, ancien responsable, dans le secteur de l'Energie, garde le cap de la sérénité, en soutenant comme Yousfi, que : «nous avons, certes, des amortisseurs comme le Fonds de régulation pour combler les déficits en rentrées en devises, pendant ces deux prochaines années, mais au-delà de 2016, personne ne peut dire comment les choses vont-elles évoluer.» Le vice-président du CNES, Mustapha Mekkidèche qui était, lui aussi, sur le même plateau, a suggéré que le gouvernement doit revoir sa copie en matière budgétaire et diminuer des dépenses, selon lui, «inutiles.»