Au troisième trimestre 2013, la France a perdu sa première place de
fournisseur de l'Algérie avec 4,95 milliards de dollars au détriment de la
Chine. Une information qui, à elle seule, témoigne de la perte de vitesse
économique de la France dans ses anciennes colonies du Maghreb. Une étude des
Douanes françaises publiée, hier, confirme du reste cette tendance baissière
puisque Paris a perdu en dix ans de très larges parts de marché en Algérie,
Maroc et Tunisie, au profit de la Chine, mais pas seulement du moment que
d'autres pays européens comme l'Espagne commencent à la concurrencer. Pourtant,
et malgré ce recul, la France reste toujours le premier pays partenaire du
Maghreb avec 13,5 milliards d'euros d'exportations en 2013 soit 15,2% de parts
de marché, devant l'Espagne (10,6%) et la Chine (10,1%), et son solde reste
excédentaire de 2,1 milliards d'euros en 2013. Une première place de plus en
plus contestée particulièrement par la Chine qui a gagné 5,7 points entre 2003
et 2012 alors que la France a perdu, sur la même période, 11 points de parts de
marché. Cette concurrence chinoise qui fait de l'ombre au partenaire historique
des pays du Maghreb a incité les responsables français, en visite en Algérie, à
déclarer que leur pays s'inscrit désormais dans une phase de reconquête de sa
première place en tant que fournisseur perdu au profit de la Chine. Les
exportations chinoises vers le Maghreb, et plus particulièrement vers
l'Algérie, ont gagné du terrain au détriment des produits français notamment
dans les secteurs des produits informatiques (+25,7 points de parts de marché)
et des télécommunications (+26 points de parts de marché), ainsi que dans les
moteurs (+13,6 points) et les véhicules utilitaires (+15,1 points). Pourtant,
ce dernier point pourrait connaitre une évolution négative pour l'industrie
automobile chinoise puisque l'Algérie impose de nouvelles règles de sécurité
aux concessionnaires pour l'importation des véhicules utilitaires. Selon les
Douanes françaises, la France n'a pas seulement perdu du terrain par rapport
aux Chinois mais doit faire face aussi à la montée en force d'autres nouveaux
marchés européens. Elle a ainsi perdu 17 points de parts de marché entre 2003
et 2012 au profit de la Suisse et de la Belgique en ce qui concerne les
produits pharmaceutiques. Même l'un des segments forts des exportations
françaises vers le Maghreb, les voitures particulières, a fortement reculé
devant l'Allemagne et l'Espagne totalisant pour ce seul secteur une perte de 35
points de parts de marché. Le seul segment économique ayant résisté à ce recul
est celui de l'aéronautique, avec une stabilité (+0,8 point) des parts de
marché françaises au Maghreb depuis 2003.
Par ailleurs, le même document signale que le déficit commercial de la
France a très légèrement reculé à 4,6 milliards d'euros en octobre, soit 100
millions de moins qu'en septembre du fait de la hausse des ventes à l'étranger
qui ont grimpé de 0,5% à 36,9 milliards, tandis que les importations ont connu
une légère progression de 0,1% à 41,5 milliards. Sur dix mois, de janvier à
octobre, les exportations françaises ont affiché une hausse de 0,4% par rapport
à l'an passé, à 363,6 milliards d'euros. Les importations sont, elles, en
baisse de 0,6% à 411,6 milliards d'euros, pour un déficit commercial cumulé de
48 milliards.