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La grève des architectes entame sa septième semaine : Pas de retour aux amphis sans décret publié au Journal officiel

par Ziad Salah

La grève des étudiants de la filière LMD Architecture entame sa septième semaine. Ce mouvement de protestation, déclenché à partir d'Oran, puis propagé jusqu'à toucher l'essentiel des universités algériennes, refuse de s'éteindre malgré les assurances du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et auparavant du Conseil national de l'ordre des architectes (CNOA). Signalons quand même que les étudiants de la cinquième année, notamment de l'université Mohamed Boudiaf (ex-USTO), ne participent pas à cette grève, parce qu'ils sont soumis à la présentation du projet, selon les dires d'une étudiante. La prolongation dans le temps de cette grève risque de compromettre le semestre et partant l'année. Le groupe d'enseignants qui a tiré la sonnette d'alarme, il y a une dizaine de jours, invitant les étudiants et les responsables du secteur à s'asseoir autour d'une table et «sauver l'année universitaire en cours», semble abandonner son initiative.

Interrogés, des étudiants justifient la poursuite de leur mouvement par le manque de clarté des positions de la tutelle. Entre parenthèses, la perspective de l'année blanche ne les effraye pas outre mesure. Pour eux, toutes les tentatives entreprises pour les ramener à rejoindre les bancs des amphis ne répondent pas à leur revendication principale. Ils attendent la publication dans le Journal officiel d'une décision claire et nette ouvrant aux détenteurs du LMD Architecture d'être considérés comme des architectes à part entière.

Signalons que le ministre de l'Enseignement supérieur, par le biais de son directeur de l'enseignement et de la formation supérieurs, a publié une note signée le 2 novembre 2014 où on peut lire: «le diplôme de master en architecture a la même valeur pédagogique, scientifique et juridique que le diplôme d'architecture délivré par les établissements de l'enseignement supérieur et ouvre droit aux mêmes projections professionnelles». Cependant, pour les étudiants, cette note a été adressée aux chefs d'établissements universitaires. Ce courrier n'a pas été jugé satisfaisant par les étudiants qui ont durci leur mouvement. Le 24 novembre dernier, la vice-doyenne de l'université Mohamed Boudiaf a, elle aussi, publié une information parlant de « l'élaboration d'un décret » faisant suite à la note du 2 novembre. Depuis, les étudiants sont dans l'attente de ce décret devant paraître dans le JORA (Journal officiel de la République algérienne), seul en mesure de répondre à leur attente. Nous apprenons que les étudiants ont consulté un avocat qui leur a expliqué la valeur d'un arrêté et celui d'un décret.

Mais pour certains, le décret attendu n'est que le premier jalon à l'aménagement et l'abrogation de toute une batterie de lois régissant le métier d'architecte. Et de citer le décret signé par l'ex-président de la République, Lamine Zeroual, en 1994, organisant la profession. Par ailleurs, on nous indique que même au niveau du Code civil, les articles portant sur la responsabilité de l'architecte doivent être revus et corrigés. Ainsi, pour eux, la question dépasse les prérogatives du ministre de l'Enseignement supérieur. Mais pour le moment, ils attendent la promulgation d'un décret formalisant les droits du détenteur d'un LMD en architecture et notamment son droit à l'inscription sur le Tableau national des architectes. Ce qui équivaut à l'accès au marché du travail.