La cherté des
aliments de bétail provoque un marasme démobilisateur chez les éleveurs de la
région de Ain-Abid. «Et ce n'est sûrement pas les pluies qui sont tombées cette
semaine sur la région qui vont desserrer l'étreinte de la crise qui nous
étouffe », nous ont déclaré, hier, quelques uns d'entre eux. Un groupe
d'éleveurs qui nous ont contacté à notre rédaction, pour exprimer leur désarroi
face cette cherté des aliments du bétail, expliquent que si les averses qui
continuent, depuis quelques jours, à tomber sur la région, dont les monts
élevés se sont couverts de neige, font renaître l'espoir d'une saison fertile
chez les fellahs de cette commune réputée pour sa bonne production agricole,
elles n'ont produit qu'un optimisme mesuré chez les éleveurs de moutons et de
poulets qui n'arrivent plus à supporter les charges inhérents au processus de
production. «La cherté de l'aliment du bétail agit comme un facteur
décourageant pour la poursuite du métier d'élevage dont la rentabilité est
devenue moins évidente aux yeux des professionnels de l'élevage qu'il y a une
année», ont affirmé nos interlocuteurs ajoutant que la plupart d'entre eux
songent sérieusement à abandonner le métier. «On n'en peut plus, confronté que
nous sommes à ce facteur qui a été exacerbé par une période de sécheresses relativement
longue», ont-ils soutenu aussi en égrénant quelques chiffres qui rendent bien
compte de la situation difficile qu'ils traversent. «Rendez-vous compte,
commencent-ils, que le prix de la botte de paille que nous payions 100 dinars
l'unité il y a quelques mois est monté aujourd'hui à 600 dinars, que celui du
quintal d'aliment du bétail se négocie autour de 400 et 4500 dinars. Quant au
foin il est devenu un luxe car le prix du quintal approche les 8000 dinars !».
Ils ont continué sur le même ton en citant les dépenses relatives au gaz
butane, la main-d'œuvre, les impôts, etc. Et ils ont conclu que les nombreux
éleveurs qui font la prospérité de la commune de Ain-Abid risquent de ne plus
être et leur nombre va diminuer considérablement sous les coups de boutoir de
cette crise qui les frappe de plein fouet. Cette situation se répercute, bien
entendu, sur les prix à la vente dans les marchés de la ville où le kilo de la
viande de poulet a atteint 350 dinars. «C'est rarement vu dans notre commune
!», nous ont affirmé par ailleurs des citoyens de cette daïra connue à
l'échelle nationale par sa production abondante dans le domaine des viandes
comme dans celui des céréales. Et ils nous ont signalé encore le phénomène de
démission qui est entrain de se répandre au sein des éleveurs de moutons, dont
la viande a également pris de la hauteur en étant proposée à hauteur de 1200
dinars le kilo sur les étals des bouchers. «Les causes sont les mêmes :
renchérissement des prix des divers aliments du bétail et les autres facteurs
qui entrent dans le processus d'élevage», ont soutenu nos interlocuteurs.