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La pomme de terre, la viande et le reste

par A. Mallem

Des déclarations faites conjointement hier par les directions des services agricoles (DSA) et du commerce de Constantine, assurant que des quantités importantes de pomme de terre, 1.400 quintaux selon leur estimation, vont être mises sur le marché pour faire baisser les prix, ont soulevé beaucoup de critiques chez les marchands de légumes. «Ces gens-là sont en train d'enfoncer des portes ouvertes.

Le prix est en train de baisser automatiquement avec la mise sur le marché d'importantes quantités de pomme de terre venues du Sahara et des wilayas de l'Ouest, faisant fonctionner ainsi la loi de l'offre et de la demande. A notre avis, cette décision des autorités concernées, annoncée en grande fanfare, intervient un peu tard», ont commenté, hier, des marchands que nous avons visités dans les marchés populaires de Souk-El-Asser et de Boumezzou de Constantine. «Serait-ce de la pomme de terre avariée comme ce qu'on a vu dernièrement à Aïn M'lila où des tonnes pourries de ce légume ont été jetées à la poubelle ?», ose avancer l'un des marchands de Souk-El-Asser. Pourtant, les citoyens ont vu en plusieurs endroits, comme sur la route menant vers Ali Mendjeli, de la pomme de terre de bonne qualité vendue dans des camionnettes à 50 dinars le kilo par des marchands ambulants. «Il s'agit d'un produit de 3e choix», ont soutenu nos interlocuteurs qui proposent dans leurs étals de la pomme de terre à 65 DA pour le second choix et à 70 le kilo pour le premier. Puis, ils argumentent: «Les marchands ambulants peuvent se permettre de vendre à 50, voire à 40 dinars le kilo, et ils s'en sortent quand même parce qu'ils ne s'acquittent d'aucune redevance. Alors que nous achetons au marché de gros du bon produit qui débarque tout frais du Sahara et le payons 50 et 55 dinars le kilo». Entre les dires des uns et les annonces des autres, tout le monde remarque chaque jour que le fameux tubercule apprécié de tous est proposé en grandes quantités dans les étals de souks et à bon marché dans les rues et les ruelles de la ville des ponts.

Reste à dire que la virée effectuée hier dans les marchés que nous venons de citer nous a fixés d'une façon spéciale sur les prix des viandes rouges et blanches qui ne cessent de prendre de la hauteur. Après avoir atteint le pic de 380 dinars le kilo la veille, le poulet est descendu hier à 350 (à 330 pour le 2e choix). Le prix du mouton, lui, galope encore et vient d'atteindre la barre de 1.350 dinars le kilo. La viande d'agneau est devenue tellement rare que des bouchers malhonnêtes, ne cherchant que le gain, en sont arrivés à proposer, et afficher comme telle, de la viande de brebis à 1.000 dinars le kilo. La viande de bœuf reste «scotchée» depuis longtemps à la barre de 850 dinars le kilo. «On ne peut juguler l'anarchie dans les prix, ainsi que les pratiques frauduleuses sur la qualité, qu'avec le plafonnement des prix. Pourquoi ne pas revenir à la pratique de la mercuriale dans les marchés ?», a estimé, de son côté, un vieux marchand du marché Boumezzou.

Mis à part les viandes et la pomme de terre, les autres légumes accusent tous une tendance à la baisse. L'oignon sec est cédé à 70 dinars le kilo, les haricots verts à 100, les choux-fleurs à 20 dinars, la tomate à 75. C'est le cas aussi pour les fruits de saison comme l'orange à 80 et 120 dinars, selon le choix, et la mandarine toute rouge et fraîche ramenée le matin même des vergers de Skikda est proposée à 110 dinars le kilo. «Et ce n'est pas encore terminé», nous a déclaré un commerçant de Souk-El-Asser en soutenant que les prix des fruits et légumes vont baisser progressivement et se stabiliser à un niveau raisonnable et à la portée de toutes les bourses. On ne pourrait espérer mieux?