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L'eau des colporteurs, première source de contamination : 150 cas d'hépatite A depuis le début de l'année à l'hôpital de Canastel

par J. Boukraâ

L'hépatite A, connue aussi  sous le nom de la «maladie des mains sales», est en augmentation à Oran ces dernières années. Des dizaines de cas d'hépatite et particulièrement l'hépatite A ont été enregistrés à Oran. Depuis le début de l'année en cours, pas moins de 150 cas ont été recensés au niveau de l'hôpital pédiatrique Boukhroufa Abdelkader à Canastel. Parmi les causes infectieuses de l'hépatite A, l'approvisionnement en eau insalubre entraîne une infection et une inflammation du foie. La majorité des cas ont été enregistrés au niveau des localités connues par la prolifération des colporteurs d'eau. A titre d'exemple, 40 cas à Bir El-Djir, 30 à Arzew et 30 à Es-Sénia. Cette maladie trouve aussi son terrain de prolifération dans les nouvelles cités et les quartiers périphériques de la wilaya d'Oran, en raison de la présence de foyers de contamination dus essentiellement à la consommation d'eau colportée. Malgré le danger et les campagnes de sensibilisation, les citoyens oranais continuent de s'approvisionner auprès des colporteurs d'eau. L'eau est le vecteur de transmission privilégié des maladies à transmission hydrique (MTH). A Oran, près de 150 colporteurs d'eau ont été recensés. Une bonne partie d'entre eux ne respecte pas les règles d'hygiène. De nombreux citoyens de la ville d'Oran ont recours aux citernes d'eau et n'ont pratiquement aucune idée sur les conditions d'hygiène ni de l'endroit où s'alimentent ces colporteurs d'eau.

D'autre part, le stockage prolongé de l'eau par des revendeurs de cette denrée rare, activant au niveau de locaux fixes, est un autre danger pour la santé des consommateurs. Du côté de la cité Lescure, de Saint-Pierre et d'autres quartiers comme Maraval, Saint-Eugène ou Miramar, le constat est le même. Des locaux situés sous des immeubles, des caves et d'autres endroits sont utilisés pour stocker l'eau dans des citernes repoussantes, souvent rouillées. Il est temps que les services concernés conjuguent leurs efforts pour réduire les effets néfastes du colportage, et ce en favorisant un cadre légal pour l'exercice de la vente du précieux liquide. L'augmentation de nombre de cas de l'hépatite A a donné lieu à la prolifération des pseudo-guérisseurs. En effet, en dépit de l'amélioration des prestations médicales en matière de prise en charge des malades d'hépatite virale dans les hôpitaux d'Oran, les malades ont toujours recours à la thérapie traditionnelle et notamment à base de plantes. Mais le plus inquiétant, selon les médecins, est que certains patients préfèrent s'adresser directement aux vendeurs d'herbes sans en référer à un spécialiste ni même effectuer les analyses biologiques. Une pratique qui peut être fatale. Il y a quelques semaines, une fillette de 10 ans est décédée après avoir consommé un mélange à base de plantes. La victime était atteinte de l'hépatite A, et elle a consommé des plantes sous forme de poudre, dont on ne connait même pas l'origine. Des spécialistes de l'hépatite virale indiquent qu'un taux de 10% seulement de malades atteints de la pathologie sont pris en charge dans des établissements hospitaliers d'Oran alors que 90% préfèrent des séances de scarification ou ont recours à des plantes médicinales.

En 2013, le service de prévention à la direction de la Santé de la wilaya a recensé trois décès d'enfants suite à des séances de «scarification» (incision) où le malade avale des surdoses d'une plante connue sous le nom de «mlélisse».