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Gestion des ports : Des pêcheurs réclament une commission d'enquête

par M. Aziza



Les marins pécheurs algériens dénoncent les «requins» du secteur et sollicitent l'intervention du ministre de tutelle. Ils réclament une commission d'enquête sur la gestion «chaotique» des ports de pêches, notamment ceux d'Oran, de Mostaganem et d'Alger.

Le président du Comité national des marins pêcheurs, Hocine Bellout, a affirmé que la colère et le désespoir gagnent de jour en jour les marins pêcheurs à travers les 31 ports que compte le pays. Mais, à un degré plus important au niveau des ports de pêche de l'Ouest du pays et de la Capitale.

Le porte-parole de l'UGCAA et président du comité des marins pêcheurs a vivement critiqué les entreprises de gestion des ports et les responsables des chambres de pêche et d'aquaculture, qui selon, notre interlocuteur, seraient à l'origine des dysfonctionnements qui rongent le secteur.

M.Hocine Bellout évoque une multitude de problèmes, citant des bateaux sardiniers abandonnés au fond de la mer. «Cinq sardiniers ont coulé au port d'Alger, cinq autres au port d'Oran et un à Mostaganem et d'autres ailleurs, certains d'entre eux sont au fond de la mer depuis des années, sans que personne ne s'en soucie». «Et pourtant toutes les personnes concernées ont été saisies pour retirer ces épaves de la mer. Certains sardiniers ne sont pas complètement engloutis dans le port d'Alger, ils sont visibles» dit-il en ajoutant «qu'est ce qui empêche leur enlèvement de la mer ?». Selon le porte-parole des marins pêcheurs, la situation dans les ports est catastrophique : ni médecins, ni infirmiers, et d'énormes difficultés pour l'obtention de fascicules techniques pour embarquer, de la part des gardes côtes, notamment pour ceux ayant des antécédents avec la justice. Au port d'Oran, des postes à quai de pêches sont accordés pour les propriétaires de bateaux de plaisance. «Des pressions qui poussent les marins pêcheurs et les artisans de la pêche à la déprime», dira-t-il encore.

Il a également affirmé que beaucoup d'ateliers de pêche ont fermé, car il est devenu très difficile d'obtenir du matériel de pêche. Idem pour la pièce détachée des bateaux et chalutiers qui se fait de plus en plus rare, notamment avec la mise à mort de l'Ecorep. Le président du comité des pêcheurs a affirmé qu'aujourd'hui, les marins pêcheurs sont contraints d'acheter la pièce de rechange auprès de privés à des prix exorbitants, des pièces importées de Tunisie, d'Espagne et de France, explique M.Bellout.

Cette situation est le résultat de la dissolution de plusieurs filiales de l'entreprise de construction et de réparation navale ECOREP implantées à travers 14 wilayas, soutient notre interlocuteur. Il ne reste que les filiales de Bouharoun et de Tipaza en service, et les deux sont incapables de répondre à la forte demande du marché. «Ils ont dissous l'Ecorep et ses filiales sans chercher à trouver des alternatives» regrette-t-il.

Pour Bellout, le secteur de la pêche vit des moments difficiles avec la pollution, le non-respect de la réglementation, jusqu'à l'utilisation de dynamite et le bradage du corail rouge. Cet état de fait trouve son explication dans la gestion catastrophique du secteur, d'où la nécessité d'installer une commission d'enquête pour situer les responsabilités et remettre les pendules à l'Heure.

Hocine Bellout, prévient les autorités : «on parle d'un secteur qui emploie 52 000 marins pécheurs et compte 42.000 unités de pêche et capable de contribuer à la garantie de la sécurité alimentaire du pays».

Les marins pêcheurs attirent l'attention du ministre «souvent dérouté par les auxiliaires du secteur» pour une intervention urgente. Ils réclament une commission d'enquête sur la gestion des ports et réclament un statut pour les marins pêcheurs. «Ils nous ont promis un statut, mais on a rien obtenu jusqu'à maintenant», conclut Bellout.