Sur les 30
familles nomades qui ont élu domicile depuis plus d'une décennie à quelques
enjambées de Bougtob, seule une cinquantaine sont occupées à longueur d'année
par des familles issues de la steppe. Pour le reste, il ne s'agit que de grands
seigneurs du mouton qui ont installé leurs « zriba », sous surveillance de
pasteurs gracieusement rémunérés, pour se rapprocher du plus grand marché aux
bestiaux de tout le Sud-Ouest. Une manne financière pour ces maquignons qui
plument leurs clients sans armes, sans haine et sans violence. Pour l'ensemble
des élus locaux communaux, il s'agit d'indus occupants qui ne manquent pas
d'user de tous les subterfuges pour se faire passer pour des sans-abris démunis
pour se faire inscrire sur la liste des demandeurs de logements sociaux
réservés exclusivement aux citadins sans toit.
Un ensemble de
tentes et d'abris épars, érigés à la hâte et faits de bric et de broc gangrène
la périphérie de la ville et ne cesse de prendre de l'ampleur en dépit des
mesures d'interdiction décidées par le passé par la municipalité. Seules
quelques familles ayant fui la sécheresse, ont trouvé refuge aux alentours
immédiats du tissu urbain. Plus d'une vingtaine ont été recasées ces toutes
dernières semaines. Quant à ces puissants et riches maquignons et éleveurs
indéboulonnables, solidement installés sur les lieux, avec leurs milliers de
têtes de moutons, la commune peine à démanteler leurs tentes et leurs centaines
de citernes destinées exclusivement à l'abreuvement de leur cheptel. Le plan
d'aménagement et d'amélioration urbaine de cette ville en plein essor et
extension, demeure perpétuellement en butte à ce sempiternel phénomène qui
l'empêche d'acquérir de nouveaux terrains et de nouvelles assiettes foncières
pour la réalisation de logements sociaux.