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Le président de la Fédération de l'agroalimentaire : La facture du lait va continuer à augmenter

par El-Houari Dilmi

« L'Algérie a dépensé, durant les seuls huit premiers mois de l'année en cours, plus de 1,5 milliards de dollars pour l'importation du lait » a indiqué, hier sur les ondes de la Chaine III de la radio nationale, M. Abdelwahab Ziani, président de la Fédération algérienne de l'agroalimentaire. En effet, les importations par l'Algérie d'impressionnantes quantités de lait en poudre, représentent « plus de 17% des quantités mises sur le marché mondial annuellement, se plaçant en seconde position après la Chine » a-t-il affirmé. Explicitant sa pensée, Abdelwahab Ziani a parlé « d'échec » de la politique instituée, depuis 2007, pour se débarrasser d'une facture, qui pèse très lourd sur les finances publiques. « En sept années de travail, nous en sommes toujours à nous poser la question de savoir qui doit faire quoi » a-t-il estimé. Et de s'interroger, sur un ton des plus tranchants : « à qui doivent profiter les subventions accordées aux produits alimentaires importés : à tous les Algériens, ou bien aux ménagères algériennes qui n'arrivent pas à satisfaire les besoins de leur famille ? ». Poussant un véritable cri d'alerte, le président de la Fédération algérienne de l'agroalimentaire a prévenu que « la facture laitière va continuer à augmenter, parce que, rappelle-t-il, la cherté des autres produits, tels les viandes rouges et blanches, amène tout naturellement, les ménages modestes à se rabattre sur le lait en poudre recombiné » a-t-il expliqué. Dressant un constat de la politique destinée à développer le secteur laitier, Abdelwahab Ziani a estimé que « les efforts de l'Etat, pour développer la filière lait, ont été insuffisants ; en dépit des progrès réalisés, l'Algérie n'assure, actuellement, que seulement 18% des besoins de sa consommation » a-t-il affirmé. Plaidant pour une politique publique « plus agressive » pour diminuer la facture d?importation du lait, il dira que le pays « gagnerait à faire comme la Chine, c'est-à-dire investir à l'extérieur pour assurer notre approvisionnement en poudre de lait » a-t-il suggéré. Faisant état de deux bassins laitiers seulement en Algérie, Abdelwahab Ziani a révélé que « d'importantes quantités de lait cru, continuent à être jetées », parce qu'explique-il, « nous n'avons pas d'équipements de séchage et que nous souffrons d'un manque d'organisation des activités de collecte ». Selon lui, « au lieu de construire des laiteries qui consomment beaucoup de poudre de lait, il est possible de confectionner 1.000 tonnes de poudre à partir de l'excédent de lait cru, pour diminuer de 40% notre facture laitière » a-t-il indiqué.

Il est « aberrant » pour le président de la Fédération algérienne de l'agroalimentaire que « le Trésor public subventionne en masse l'importation du lait, de cheptel laitier, les activités de collecte, pour finalement obtenir un produit destiné à être transformé en yaourt, en fromage et non pas pour être consommé en l'état par les Algériens » a-t-il expliqué. « Le lait ne peut plus être subventionné pour tous les Algériens ; l'aide de l'Etat doit aller aux plus démunis, et non pas vers ceux qui ont des revenus conséquents » a encore dit Abdelwahab Ziani, ajoutant que le pays « produit un million de litres/jour, alors qu'il dispose de capacités installées dépassant les millions l/j ». Abordant le volet lié à l'importation du sucre, dont la facture repart à la hausse a-t-il dit, il a expliqué que si l'Algérie « compte de 5 à 6 millions de diabétiques, cela est dû aux habitudes de consommation, aggravé par le fait qu'un arrêté interministériel impose une teneur supérieure à 120 grammes par litre/kilo, alors que la norme en Europe est de 100 grammes par L/K » a-t-il alerté. Appelant à « consommer algérien », Abdelwahab Ziani a estimé qu'une « politique audacieuse en faveur d'un meilleur développement de l'industrie agroalimentaire en Algérie pouvait être une autre alternative crédible, pour sortir du piège des hydrocarbures » a-t-il indiqué, ajoutant que les « ports secs en Algérie, exploités, dans leur majorité, par des étrangers, coûtait au trésor public plus de 6 milliards de dollars par an ».