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Sellal à «Afrique-Asie» : Les entreprises françaises doivent faire preuve d'audace

par Yazid Alilat

L'Algérie est ouverte aux investisseurs français, et fera tout pour faciliter leur entrée sur le marché algérien. C'est en quelque sorte le message lancé par le Premier ministre Abdelmalek Sellal aux milieux d'affaires de l'Hexagone à la veille de la tenue de la 2e session du Comité intergouvernemental de haut niveau, aujourd'hui à Paris.

Rappelant que les relations politiques entre les deux pays évoluent ?'d'une manière positive'', il a invité les investisseurs français à s'installer en Algérie, rappelant les aides considérables que les pouvoirs publics offrent aux investisseurs étrangers. «Que ce soit dans la pétrochimie, l'énergie, les travaux publics, les services, l'agriculture ou d'autres domaines encore, les opportunités pour les investisseurs français de faire de très bonnes affaires existent et sont nombreuses» en Algérie, a-t-il souligné dans le numéro de décembre du mensuel Afrique-Asie, paraissant à Paris. Plus convaincant, il a appelé les entreprises françaises ?'à saisir ces opportunités en faisant preuve d'audace et de créativité».

Par ailleurs, il a expliqué la nouvelle vision économique de l'Algérie, pour qui la croissance hors hydrocarbures est «une réalité et un objectif stratégique» des responsables algériens. ?'L'Algérie dispose dans ces filières d'activité d'avantages comparatifs certains qui ont suscité l'intérêt de plusieurs de nos partenaires», une sorte d'invitation pour les entreprises françaises qui veulent investir en Algérie dans des secteurs porteurs, mais hors hydrocarbures, comme les mines, l'industrie, les transports ou le matériel médical. Quant à l'épineuse question de savoir si l'Algérie va aller franchement vers l'exploitation des gaz de schiste, il a laissé la porte entrouverte. ?'La position de l'Algérie n'est pas dogmatique: nous croyons aux vertus du pragmatisme et du bon sens. Si l'exploitation des ressources d'hydrocarbures non conventionnelles est bonne pour l'Algérie et les Algériens, nous l'engagerons sans complexe. Pour l'instant, l'Algérie s'attelle à évaluer, avec précision, les ressources nationales en la matière et à intégrer et maîtriser les multiples techniques de prospection et de production, afin de garantir une exploitation optimale et la préservation de notre environnement et de nos écosystèmes». Voilà en quelque sorte la position actuelle de l'Algérie sur cette question des shale et oil gas. Sur la restructuration de l'économie algérienne, il a rappelé que le programme du président Abdelaziz Bouteflika vise à construire une économie «diversifiée et émergente» pour atteindre à l'horizon 2019 un taux de croissance de 7%. Sur un autre registre, M. Sellal s'est dit convaincu qu'avec la France, «beaucoup d'opportunités subsistent encore et restent à explorer, notamment en matière de partenariat économique, d'échanges scientifiques et culturels et de transfert de savoir-faire».

L'AVENIR DE L'ALGERIE EST EN AFRIQUE

Sur le volet politique, le Premier ministre a rappelé la position de l'Algérie vis-à-vis du dossier sahraoui, réaffirmant la nécessité d'entamer au plus vite le processus de décolonisation du Sahara occidental, sur la base d'un référendum d'autodétermination sous l'égide des Nations unies. Quant aux bouleversements actuels en Afrique, dans le monde arabe et au Maghreb, M. Sellal a rappelé les positions de principe de l'Algérie, estimant que la paix et la stabilité «constituent le socle indispensable de toute avancée démocratique ou développement socio-économique». ?'Seule la volonté souveraine et indépendante des peuples peut engendrer le progrès et la paix dans le monde», a-t-il soutenu, avant de rappeler que l'Algérie «soutient et soutiendra tous les processus politiques de dialogue inclusif et de réconciliation engagés par les pays amis et voisins, dans le respect de la légalité internationale, du principe de non-ingérence et l'intégrité territoriale de ces pays». Il a dans la même foulée salué la bonne tenue de l'élection présidentielle en Tunisie et «espère que ce rendez-vous démocratique important constituera une étape majeure dans la marche de ce pays frère vers la stabilité et le progrès». Enfin, il a prévenu qu'il est important aujourd'hui ?'de sortir des clichés et des idées reçues» qui ont réduit «l'Afrique à un simple réservoir de matières premières, ce serait une grave erreur». «Je suis de ceux qui pensent que l'Afrique est aujourd'hui en mouvement, et dans bien des domaines, ce berceau de l'humanité façonnera l'avenir du monde», a-t-il estimé. Pour lui, ?'l'avenir de l'Algérie se construira aussi en Afrique».