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Constantine : Les affrontements se poursuivent à Ali Mendjeli

par Abdelkrim Zerzouri

Nouvel épisode d'escalade dans la violence des affrontements entre les habitants de l'UV 14 à Ali Mendjeli, dans la wilaya de Constantine. Dans la nuit de vendredi à samedi, les bandes rivales ont saccagé l'éclairage public, plongeant tout le quartier dans le noir. La couleur est annoncée, aussi, avec la reprise des postes sur les toits des immeubles et des bombardements nocturnes à coups de cocktails Molotov et de grosses pierres. Le coup de peinture des immeubles, initié après la trêve du mois de mai dernier, n'a pas trop résisté face aux comportements rétrogrades. Les murs noircis par la fumée sont là pour rappeler que le cauchemar revient hanter les nuits des habitants.

« On a passé une nuit blanche, personne ne pouvait dormir avec ces batailles menées dans la rue, les cris et les insultes partagés entre assaillants, usant de mots qui agressent la tranquillité familiale. Personne ne pouvait s'allonger plus de quinze minutes avant de se remettre aussitôt debout et aller jeter un coup d'œil à la fenêtre pour voir où en est le développement de la situation, s'assurer de la sécurité des siens. L'inquiétude et la peur sont revenues hanter nos nuits », lance avec un soupire un habitant. Ce dernier rappellera, comme toujours, ce sont les habitants qui ne participent pas à la mêlée des affrontements entre les habitants des ex-bidonvilles Fedj Errih et Oued El Had, en l'occurrence les ex-résidents évacués des sites de l'Onama, Chaabani et les chalets de Sidi Mabrouk, qui se trouvent les plus touchés par les dommages.

Situés sur un axe séparant les deux camps antagonistes, les immeubles des concernés subissent les effets des attaques violentes à coups de pierres et de cocktails Molotov qui atterrissent souvent dans leurs balcons ou fracassent les vitres de leurs appartements. Certains parmi ces derniers ont renoué avec le « vagabondage » familial, éloignant femmes et enfants chez des parents. « On ne peut pas rester », laisse tomber un témoin d'une voix pleine de lassitude. Même la mosquée du quartier n'a pas échappé aux actes de vandalisme des bandes rivales et l'imam semble avoir atteint les limites de ses prières. « Que Dieu les guide vers le droit chemin, ou qu'il les fasse disparaître », rapporte ses propos l'un des fidèles. Reste les pouvoirs publics, les services de sécurité, que feront-ils après avoir presque tout essayé pour ramener la paix et la quiétude ? Tout ce qui a été engagé comme effort pour apaiser la tension qui secoue ces « voisins- ennemis » s'est avéré vain. Les nombreuses rencontres de réconciliation organisées sous les bons soins du wali, des élus locaux, des imams n'ont pas abouti à une entente durable, ainsi que le travail de proximité privilégié par les responsables de la sûreté de wilaya et qui n'a donné aucun résultat appréciable. « Toutes ces bonnes dispositions, tous ces efforts déployés dans un esprit amiable ont peut-être donné plus d'aplomb à ces bandes de malfaiteurs qui reviennent plus aguerris dès que le dispositif sécuritaire a été allégé, il y a une dizaine de jours », estiment certains habitants.