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Palestine : ne pas se tromper de revendication

par Kharroubi Habib

L'admission de l'Etat palestinien au sein des Nations unies en tant qu'Etat membre à part entière aurait été depuis longtemps chose faite n'eût été que les Etats-Unis suivis par les deux autres puissances occidentales la France et la Grande-Bretagne siégeant à leur côté au Conseil de sécurité y ont systématiquement mis leur veto, alors que depuis sa création en 1988 il a été progressivement et officiellement reconnu par l'écrasante majorité des pays siégeant au sein de l'organisation onusienne.

Les Palestiniens ne se battent pas donc aujourd'hui pour la reconnaissance internationale de leur Etat, fait acté au plan du droit international du moment qu'une majorité de pays de la planète y a souscrit, mais pour qu'il soit déclaré Etat membre de l'ONU sans restriction de droits et devoirs au même titre que tous ceux qui y siègent. L'offensive diplomatique qu'ils mènent pour la réalisation de cet objectif s'avère percutante y compris là où elle paraissait ne pas devoir rencontrer d'écoute approbative, c'est-à-dire chez des Etats occidentaux ayant longtemps considéré une reconnaissance de l'Etat palestinien et son admission à l'ONU en tant que membre à part entière incompatibles avec leur soutien inconditionnel à l'Etat sioniste.

Les dirigeants palestiniens n'ont de ce fait pas tort de voir un succès dans la cascade de gestes ayant été faits en Europe laissant entrevoir que reconnaissance et admission de l'Etat palestinien sont désormais inscrites dans l'agenda des puissances européennes. C'est bien ainsi qu'il faut considérer en effet la décision du gouvernement suédois reconnaissant cet Etat palestinien, mais aussi les votes intervenus dans les parlements irlandais, britannique et espagnol de motions appelant leurs gouvernements respectifs à faire comme leur homologue scandinave, et le fait aussi que les parlements français et de l'Union européenne s'apprêtent à en faire de même.

Il faut pourtant se garder de verser dans le triomphalisme car à l'exception de l'Etat suédois qui s'est affranchi des pressions de l'Etat sioniste et des lobbys à son service, les gouvernements européens dont les parlements ont appelé à la reconnaissance pleine, entière et irrévocable de l'Etat palestinien ne font pas preuve du même esprit d'indépendance à l'égard de cet Etat et de ces lobbys. Cela se dénote dans les arguments qu'ils emploient pour se déclarer non concernés par les votes de leurs parlementaires. Ils les puisent dans l'argumentaire israélien tendant à présenter la reconnaissance de l'Etat palestinien comme faisant obstacle au « processus de paix » palestino-israélien car un tel Etat sera inévitablement sous la coupe du Hamas affublé de l'étiquette d'organisation « terroriste » vouée à la destruction de l'Etat sioniste.

Pourtant ces Etats qui balancent encore entre la justice à rendre aux Palestiniens et le suivisme à l'égard de l'Etat sioniste sont parfaitement conscients que leur position est désormais intenable aux yeux même de leurs opinions nationales telles qu'elles ont évolué sur la question palestinienne et dont leurs parlements représentatifs se sont faits les porte-voix. Israël sait qu'ils ne peuvent plus camper encore longtemps sur cette position et tente de les river à lui en diabolisant, sans retenue et par les mensonges martelés, le Hamas et même les dirigeants de l'Autorité palestinienne que sa propagande accuse d'être derrière la flambée de violence qui le secoue. Il n'y a que ces Etats européens hésitants à faire mine de trouver fondés les mensonges israéliens.