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L'absence du bilinguisme...: assèchement des potentialités

par Tahar Diab

L'université Docteur Tahar Moulay s'est honorée d'abriter récemment, deux jours durant, le premier colloque international du Français sur objectifs universitaires (FOU). Ce thème richement dérivé du Français langue étrangère (FLE) et profondément puisé sur le Français sur objectifs spécifiques (FOS) a été initié conjointement par les laboratoires de didactique de langues des universités de Médéa, Mostaganem et Saïda. Ce regroupement international a connu la participation fructueuse de pas moins de 23 professeurs dont 6 étrangers (Maroc (2), Tunisie, Turquie, Liban et l'Egypte). Les diverses interventions académiques étaient souvent axées sur des diagnostics mais visaient surtout les méthodologies proposées au discours universitaire dont l'enseignement spécifique handicape nos étudiants.

En effet, les nouveaux universitaires - n'ayant étudié qu'en arabe les matières scientifiques et techniques - basculent totalement en première année universitaire qui les confronte à ces nouveaux cours qu'ils n'arrivent pas à assimiler, faute de maîtrise de la langue française qui en dispense certains concepts spécifiques. Non encore initiés aux méthodologies du Français sur objectifs spécifiques, même leurs différents professeurs éprouvent eux aussi d'énormes difficultés à véhiculer l'apprentissage de leurs disciplines. Partant de la réalité amère vécue sur le terrain, nos jeunes et dynamiques chercheurs ont exposé leurs perspectives théoriques auxquelles doivent s'associer tous les professeurs concernés - sans « auto-exclusive » aucune - pour tenter judicieusement de mettre en application les solutions méthodologiques du Français sur objectifs universitaires (FOU).

Parallèlement à ces approches pédagogiques destinées à diluer graduellement les lacunes chez nos apprenants, nous nous rabattons à juste titre sur leurs difficultés exprimées. Ainsi, sous la houlette des professeurs Imane Terras et Leila Rakrak, le labo/FOS de Saïda a procédé à une consultation auprès de ses élèves de première année LMD de français, prospectant de recueillir, ici, leurs ressentiments. Cette expérimentation n'ayant divulgué que sa première phase, son constat préliminaire tire déjà la sonnette d'alarme, interpelant l'urgence de décider d'ajuster au plus tôt la méthodologie adéquate. Selon leurs pertinentes observations, la première problématique s'insurge au niveau de la prise de notes qui nécessite l'attention et la concentration à l'écoute, la compréhension et l'analyse pour pouvoir sélectionner et enfin écrire. Mais cet agencement psychologique demeure tributaire du rythme de l'énoncé du cours où le professeur ne marque pas très souvent la pause nécessaire, surtout la phase explicative - primordiale - que vient parfois escamoter le décalage entre l'oral du locuteur qui ne permet pas de s'allier le passage de l'écoute à l'écrit chez l'apprenant.

 Les étudiants reviennent souvent au respect du plan graduel de sa progression. Le rythme de dictée prend son envol au détriment de la prise de notes où l'étudiant n'arrive pas à se rattraper, d'où une frustration compréhensive le poussant parfois à l'abandon de la prestation du résumé. Car, disent-ils, le dosage pédagogique doit s'aligner à leurs capacités d'assimilation nécessaires au développement des connaissances linguistiques. Face à ce phénomène de blocage arrivé en fin de cursus, tous les intervenants ont été unanimes à revisiter continuellement le précepte de base de la linguistique qui stipule que lorsque le message de l'émetteur (ici le professeur) n'est pas décodé par le récepteur (l'étudiant), s'impose de règle le devoir de se remettre en cause par des méthodologies appropriées, thèmes de recherches du FLE, du FOS et maintenant du FOU (« pour désagréger l'affolement pédagogique »).

 Dans une ambiance de grande motivation, le docteur Ouardi Brahim, directeur du labo FOS/Saïda a tenu à remercier vivement tous les participants, sans oublier le soutien du Pr Tebboune Fethe-Allah Ouahbi, recteur de Saïda, ainsi que les sponsors locaux qui ont contribué à la réussite de ce colloque qui se propose d'être itinérant tous les deux ans, mais prolongé dans son intervalle par des conférences au niveau de toutes les universités dans l'objectif de faire profiter tous les étudiants de même que les professeurs toutes disciplines confondues dans l'attente de leurs contributions à ces travaux de recherches prometteuses.