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Le Professeur Bouzid alerte : «Les cas de cancer, en constante augmentation»

par El-Houari Dilmi

«Avec plus de 45.000 nouveaux cas, par an, le cancer, tout comme les autres maladies non transmissibles, sont des pathologies, en constante augmentation, en Algérie» a alerté, hier, sur les ondes de la Chaîne III, de la radio nationale, le professeur Kamel Bouzid, président de la Société algérienne d'oncologie médicale.

En effet, le Pr Kamal Bouzid considère que ce chiffre de 45.000 nouveaux cas, par an, « représente, seulement, une estimation », le nombre des malades étant, selon lui, amené à augmenter, « comme constaté depuis une vingtaine d'années » a-t-il indiqué. « Nous devrons atteindre l'incidence des pays développés, probablement, dès 2020 » a-t-il souligné. Précisant que l'Algérie enregistre plus de 10.000 nouveaux cas de cancer du sein, par an, il s'est félicité de la bonne prise en charge des malades. « Les choses se sont, nettement, améliorées, parce que de nouveaux centres sont devenus opérationnels, à Sétif, Batna et Annaba» a expliqué le Pr Kamel Bouzid. « D'ici, à fin 2015, les 19 autres centres anti-cancer seront en activité, ce qui fera évoluer, favorablement les choses », a-t-il souligné. Concernant les centres anti-cancer de Sétif et Batna, le président de la Société d'Oncologie médicale fera observer que leurs sections de chirurgie, « pierre angulaire du traitement de la maladie, ne sont pas encore entrées en service, faute d'équipements », a-t-il regretté.

En matière de prévention de la survenue du cancer, le Pr Kamel Bouzid a signalé que « peu de choses ont été réalisées, jusque-là, en dépit de l'intérêt primaire ou secondaire de cette méthode », ajoutant que « plus tôt la maladie est localisée, plus facilement il est possible de la guérir par le biais de la chirurgie,» a-t-il dit. Il a, également, expliqué que l'activation du Plan anti-cancer, prévu pour début 2015 et dont le contenu devrait être, bientôt, soumis par le Pr Zitouni, au ministre de la Santé, puis au chef de l'Etat, pour approbation, « permettra une avancée, en matière de prise en charge des malades, d'ici 2019 » a-t-il indiqué. Commentant le contenu de ce plan, le président de la Société algérienne d'Oncologie expliquera que celui-ci « couvre la lutte anti-cancer, sous divers aspects, à savoir : le dépistage, la prévention et la coordination des soins. Il porte, aussi, sur un certain nombre de mesures, relatives à la formation des personnels de santé et à la recherche » a-t-il dit. A propos de ce dernier point, le Pr Kamel Bouzid a fait remarquer qu'il est axé sur le « diagnostic moléculaire des lésions cancéreuses, permettant d'introduire des thérapies , innovantes et ciblées, pour personnaliser les traitements » a-t-il expliqué. «En d'autres termes, ajoute-t-il, il ne s'agira plus de soigner un cancer mais de traiter un monsieur ou une dame, affecté par tel type de cancer avec tel paramètre », a-t-il ajouté. L'Algérie compte, aujourd'hui, plus de 500 spécialistes en Oncologie médicale, « mais leur répartition, sur le territoire national, n'est pas harmonieuse » a-t-il déploré, ajoutant que le ministère de la Santé a passé commande, à deux grands fournisseurs pour la fourniture d'équipements de radiothérapie ultra-sophistiqués et leur maintenance.

Au sujet des facteurs de risque, le président de la Société algérienne d'Oncologie médicale pointera du doigt le tabagisme et le parc automobile fonctionnant, à 70%, au diesel, « défini comme agent cancérigène par l'OMS, en mars 2014 » a-t-il alerté. « Le changement du mode nutritionnel, chez les Algériens, qui provoque l'obésité et le diabète, est un autre facteur de risque, notamment, en ce qui concerne les cancers digestifs » a-t-il, encore, expliqué. Au sujet des structures privées, spécialisées dans les soins anti-cancer, le professeur a expliqué qu'il « existe deux en activité, et une troisième ouvrira ses portes, en mars 2015, à Tizi-Ouzou », a-t-il dit, ajoutant qu'en l'absence d'une mise à jour de la nomenclature des actes médicaux, qui date de 1987, « ces structures auront du mal à se développer parce que le cancer n'est pas, encore, une maladie prise en charge par la Sécurité sociale » a-t-il indiqué.