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Caïd Essebsi et Marzouki en favoris : La Tunisie élit son président aujourd'hui

par Moncef Wafi

27 noms, même si cinq candidats se sont retirés, seront aujourd'hui en lice pour être désignés comme le prochain président de la Tunisie. Une première dans l'histoire de ce pays qui n'aura finalement connu que deux chefs d'Etat avant la révolution du Jasmin. Habib Bourguiba, déposé le 7 novembre 1987 par un coup d'Etat de son Premier ministre, Zine El Abidine Ben Ali et ce dernier, qui occupa le Palais de Carthage jusqu'à sa fuite en Arabie saoudite, le 14 janvier 2011. Et paradoxalement, le grand favori de cette élection présidentielle est un homme qui a travaillé avec les deux présidents. Béji Caïd Essebsi (BCE), puisque c'est de lui qu'il s'agit, est donné comme le favori de ce premier tour avec 37 à 41% d'intentions de vote, selon des estimations publiées ce vendredi par l'Agence de presse turque, Anadolu, qui dit s'appuyer sur des prévisions avancées par différentes parties. Un sondage d'opinion qui serait en totale contradiction avec l'article 70 de la Loi électorale tunisienne qui interdit formellement la publication, durant la campagne électorale, des résultats de sondages d'opinion, et ce à travers tous les médias.

Malgré son âge avancé, 87 ans, un point sur lequel il a été attaqué par ses adversaires politiques et son passé «bénaliste» où il a occupé le perchoir du Parlement au début des années 1990, BCE apparaît comme le principal favori d'autant plus que son parti Nidaa Tounès a remporté les législatives d'octobre face aux islamistes d'Ennahda. Ces derniers, au pouvoir de fin 2011 jusqu'à début 2014, n'ont ni présenté de candidat ni donné des consignes de vote, laissant leurs militants faire leur propre choix. Quant à l'autre homme fort de ce scrutin, le président sortant, mais néanmoins candidat indépendant, Moncef Marzouki, il est accrédité de 27 à 31% d'intentions de vote. Sa stratégie de campagne s'est focalisée sur son principal adversaire en se posant en candidat à même d'empêcher une contre-révolution face au parti de BCE qui compte plusieurs anciens partisans du régime de Ben Ali.

«L'ancien régime, c'est sa dernière bataille. Parce que quand il y a une révolution, il y a toujours une contre-révolution. Et la contre-révolution est en train de livrer sa dernière bataille et elle va la perdre», a-t-il notamment déclaré à l'AFP. Ces deux hommes devront logiquement se disputer le second tour prévu le mois prochain malgré la présence parmi les candidats de deux autres «poids moyens» qui peuvent par contre se disputer la troisième place. L'homme d'affaires, Slim Riahi, candidat de l'Union nationale libre, et la figure de la gauche tunisienne, Hamma Hammami, candidat du Front populaire, qui se présente comme «le candidat de toutes celles et de tous ceux qui refusent la bipolarisation de la scène politique tunisienne», devront l'un ou l'autre se retrouver sur le podium final puisque les estimations varient pour l'un et pour l'autre entre 6 et 9% des voix.

Le reste du corps électoral tunisien se trouve éparpillé entre plusieurs candidats de moindre popularité dont Hachmi Hamdi du Courant al-Mahabba ou encore Kamel Marjane du parti al-Moubadara. Pourtant le scrutin reste ouvert avec 10% des 5,2 millions des électeurs qui se disent encore indécis ou encore le dernier taux de participation estimé à 5,54% enregistré au premier jour de vote à l'étranger et jugé faible. Par ailleurs, cette présidentielle tout comme les législatives d'octobre, est placée sous haute sécurité dans la crainte d'attentats terroristes. Ainsi, une cinquantaine de bureaux de vote ne seront ouverts que pendant cinq heures, au lieu de dix, aujourd'hui dans des zones proches de la frontière algérienne où les groupes armés sont actifs alors que des dizaines de milliers de policiers et militaires seront déployés dans tout le pays.