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En présence de Sellal et Fabius : La première Renault «algérienne» sort d'usine

par Houari Saaïdia

Point fort de la cérémonie : la musique d'ambiance monte d'un cran, le rideau se lève, une Renault Symbol flambant neuf surgit de l'arrière-plan de la scène et avance sur l'estrade. Et du 1er véhicule particulier «made in Algeria» quatre hommes descendent tout sourire. Ovation du parterre?

Il s'agit du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le ministre français des Affaires étrangères et du Développement international, Laurent Fabius, le ministre français de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique, Emmanuel Macron, ainsi que le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, et le PDG du groupe Renault, Carlos Ghosn. Un peu plus tard, quand il sera invité à dire un mot au pupitre, Laurent Fabius ironisera : «J'avoue avoir eu une légère appréhension tout à l'heure, quand j'étais à bord (de la ?nouvelle Symbol'). Mais j'étais, en même temps, sûr qu'il n'y aurait pas d'incident de spectacle tant je savais résolument que ce véhicule répondait à toutes les normes automobiles internationales». L'appréhension, la vraie, était en revanche lisible sur les visages des organisateurs algériens, tous corps confondus, avant et pendant la cérémonie de présentation du tout premier produit de l'usine Renault d'Oued Tlélat. On avait peur, démesurément peut-être, qu'un «imprévu» vienne gâcher cet instant «historique» dans les relations entre l'Algérie et la France, auquel était venue prendre part une haute délégation du gouvernement français, accompagnée d'un groupe d'opérateurs économiques de haute volée.

Après une symbolique formalité de signature de la plaque commémorative marquant la sortie de la première voiture Symbol des chaînes de montage de l'usine Renault d'Oued Tlélat, réalisée dans le cadre de l'investissement national et en partenariat avec le premier constructeur automobile français, la parole a été donnée à M. Sellal. «Cette réalisation, fruit de l'association d'entreprises publiques nationales avec le constructeur français Renault, constitue pour nous un exemple des partenariats ?gagnants-gagnants' que nous ambitionnons de démultiplier à travers le territoire national et dans différents domaines d'activités», souligne d'emblée le Premier ministre, selon qui la relance de la base industrielle nationale est une «priorité de premier ordre» pour l'économie algérienne. Il exhorte néanmoins les responsables de Renault Algérie Production (RAP) à redoubler d'efforts pour atteindre la phase optimale de production (à savoir le triplement de la production, à partir de l'année 2019, pour la porter à 75.000 véhicules/an, selon l'échéancier de RAP) et ce, en assurant les Français du soutien des pouvoirs publics algériens, notamment en matière de «promotion de la production nationale par la qualification et la collaboration avec leurs sous-traitants algériens». Dans le même contexte politico-économique, le Premier ministre a affirmé n'avoir aucun doute que la prochaine réunion à Paris, le 4 décembre prochain, du Comité interministériel de haut niveau «constituera une occasion supplémentaire pour renforcer les liens et la coopération entre nos deux pays dans les domaines politique, économique et culturel». Et Sellal d'envoyer un message «à double sens» à l'adresse des Français : «Nous n'avons aucun complexe à aller chercher la compétence et l'expertise là où elles se trouvent (en France comme ailleurs : NDLR) pour la réalisation de notre programme de développement (...). La volonté de l'Algérie est claire et assumée et sa disponibilité pour la coopération et le partenariat totale». Après cette fine insinuation du Premier ministre algérien que l'Algérie est disposée à conclure des partenariats avec des constructeurs automobiles d'autres pays leaders dans ce domaine, il enchaînera : «Bon, maintenant, on est d'accord, la Symbol est un symbole, il faut passer prochainement à d'autres marques». Après une petite fiche technique sur la Symbol, version DZ, présentée par le patron de la marque au Losange, Carlos Ghosn, où il a notamment souligné que ce produit est adapté au marché algérien et est doté d'un système multimédia dont le GPS, la parole a été donnée ensuite au MAE français, Laurent Fabius. Pour ce dernier, Renault Algérie peut être résumée en la formule, plutôt caricaturale, «triple A». A : comme action (la première action donnée en 2012 conjointement par Abdelaziz Bouteflika et François Hollande, ayant signé l'acte de naissance de ce projet en partenariat). A : comme Ambition (le début du montage de l'usine en 2011, en jetant en même temps les bases de la filière automobile en Algérie). A : comme Amitié (entre les deux pays). Une approche «trop littéraire» de ce projet industriel de la part de Fabius qui lui a valu, un peu plus tard, au sortir de l'usine, quelques questions fourrées de petits commentaires de la part des journalistes de la presse française, venue en force à Oran pour la circonstance.