La
Confédération africaine de football (CAF) décidera aujourd'hui,à partir du
Caire, du sort de la CAN-2015. Mais également du Maroc. Le feuilleton marocain
aura tenu en haleine tout le continent africain et son intransigeance à revenir
sur sa décision de reporter la compétition pour des raisons sanitaires risque
de chambouler le calendrier des équipes qualifiées pour cette édition et de
porter un sérieux coup aux recettes de la CAF. Issa Hayatou, son boss, dira
aujourd'hui si la CAN est maintenue à sa date initiale, en donnant le nom du
nouveau pays organisateur, reportée à une autre date ou tout simplement
annulée. Cependant, ce qui s'apparente à un simple conflit sportif risque de
déborder sur un tout autre registre puisque des voix marocaines semblent déjà
porter des accusations à peine voilées contre l'Algérie d'être derrière la
décision de la CAF de ne pas adhérer à la proposition du Royaume. Preuve en
est, l'insistance toute marocaine de penser que Issa Hayatou a pris position
contre le Maroc à partir d'Alger, lors de la réunion du bureau exécutif de la
CAF, le 2 novembre dernier. Et il n'en fallait pas plus à nos voisins pour voir
encore la main algérienne dans leur malheur. La presse marocaine est ainsi
unanime à affirmer que la décision de la Confédération a été prise à Alger
alors qu'officiellement, aucune information n'a filtré de cette réunion de
l'exécutif du football africain. Si l'argument premier du dossier marocain est
celui du risque lié au virus d'Ebola, d'autres voient dans ces atermoiements
une volonté d'éviter aux Lions de l'Atlas de rencontrer les Verts,
archi-favoris du tournoi. Une défaite du onze marocain n'étant pas exclue sur
le plan sportif, le Makhzen aurait monté tout un scénario pour ne pas offrir un
sacre continental à l'Algérie qui plus est sur ses propres terres. Au moins pas
dans deux mois, mais gagner assez de temps pour monter une équipe compétitive.
Une lecture pertinente du moment que les relations entre les deux pays
traversent des zones de fortes turbulences. La dernière attaque en règle est
intervenue quarante-huit heures après le discours de Mohamed VI à l'occasion du
39e anniversaire de la colonisation du Sahara Occidental. La presse marocaine,
comme à son habitude, a pris le relais pour vilipender l'Algérie rendue
responsable de la dégradation des relations bilatérales. Une presse aux ordres
qui revendique une supériorité du Maroc sur tous les plans, allant jusqu'à
faire le lien entre ceux qui ont éliminé Boudiaf et ceux qui œuvrent à ce que
les deux pays «demeurent adversaires». L'éternel problème des frontières est
également un sujet de prédilection de certains médias marocains qui estiment
que si Alger refuse d'ouvrir ses frontières terrestres avec son voisin de
l'Ouest, c'est par peur de la concurrence avec le Maroc. Et dans cette
atmosphère pesante, voir l'Algérie remporter une Coupe d'Afrique sur le sol
marocain serait un affront que le Makhzen ne pourra supporter quitte à se faire
exclure de toute compétition internationale pour les quatre prochaines années.