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Laurent Fabius : «Les relations entre la France et l'Algérie sont à leur meilleur niveau»

par Yazid Alilat



Entre Alger et Paris, c'est le temps des «cerises». Aussi bien à Paris qu'à Alger, on n'a jamais senti autant de rapprochement, de chaleur dans les relations entre les deux pays. Ce renouveau entre les deux pays, en particulier dans le domaine économique, sera au menu de la visite aujourd'hui d'une délégation ministérielle française à Oran, conduite par le chef de la diplomatie, Laurent Fabius, et son collègue de l'Economie, Emmanuel Macron. Le lancement de la première voiture de l'usine Renault de Oued Tlélat sera en fait le «clou» de cette visite, qui sera suivie par la réunion de la commission mixte de coopération algéro-française.

A la veille de cette journée, Laurent Fabius, dans un entretien à l'AFP, a confirmé la phase euphorique que traversent actuellement les relations entre la France et l'Algérie. Relevant que la coopération franco-algérienne dans le domaine sécuritaire et judiciaire «fonctionne bien», Fabius a expliqué que d'une «façon générale, les relations entre la France et l'Algérie sont à leur meilleur niveau et le potentiel devant nous est considérable. Je m'en réjouis». Pour le chef de la diplomatie française, la coopération économique est au premier rang des priorités des autorités des deux pays. Sur le plan diplomatique, c'est également la bonne entente, relève Laurent Fabius qui précise que «la coordination au Sahel fonctionne bien. Pour la Libye, l'Algérie mène un travail de facilitation utile afin de compléter la médiation des Nations unies». Sur le dossier malien, que l'Algérie a pris en main pour en faciliter le dialogue entre les différentes factions, il a estimé que «la démarche des Algériens est précieuse. Nous souhaitons que les choses progressent d'une façon décisive au mois de novembre».

Même ambiance sereine dans le domaine de la coopération judiciaire, a-t-il ajouté, rejetant, dans l'affaire des moines de Tibhirine, l'idée que l'Algérie bloquerait la recherche de preuves par les juges français. «Ce qui m'est indiqué, c'est que les institutions judiciaires françaises sont satisfaites de la coopération (avec la justice algérienne). Le juge Marc Trévidic a pu se rendre à deux reprises en Algérie et nous comptons sur les autorités pour que la coopération se poursuive de façon satisfaisante», a encore souligné le chef de la diplomatie française. Et puis «la procédure (dans cette affaire) doit respecter le droit algérien comme le droit français», a fait valoir Laurent Fabius pour qui «la façon dont les choses se sont déroulées sur place a été jugée satisfaisante par nos autorités judiciaires. Ce qui compte, c'est qu'on puisse établir la vérité». Sur le volet de la coopération économique, il a par ailleurs estimé que «nous sommes partenaires et amis des Algériens». Il précise sa pensée: «en matière économique, nous souhaitons que notre partenariat se développe dans de nombreux secteurs. Nous savons que des concurrents existent bien sûr, notamment les Chinois».

Sur l'usine Renault d'Oran, il a expliqué qu'elle «vise le marché africain. Nous l'avons conçue comme une coproduction pour les véhicules, pour la formation et pour développer un réseau de sous-traitants». «Il existe d'autres projets importants que nous examinons. Je serai accompagné notamment du PDG d'Airbus Hélicoptères. Nous allons voir si une coopération peut être envisagée dans ce domaine. Je le souhaite», a dit le ministre français qui a annoncé par ailleurs que «nous réfléchissons activement aussi à des coopérations dans les domaines de l'énergie, du logement, de la formation, du tourisme, de l'urbanisme et des transports. Les autorités algériennes ont défini un plan de développement ambitieux et nous nous inscrivons dans ce cadre».

La visite en 2012 à Alger du président François Hollande a contribué à dégripper les relations algéro-françaises, marquées par l'accord sur l'usine Renault d'Oran et un relifting du partenariat économique et industriel.