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Le président déchu burkinabé Blaise Compaoré s'est lancé
dans l'aventure d'une révision constitutionnelle devant lui permettre de rester
contre le gré de la population au pouvoir indéfiniment, sans que l'Union
africaine censée veiller au respect de la démocratie et de la bonne gouvernance
par ses Etats membres n'ait trouvé à redire. Dans ce cas comme dans les
précédents où d'autres chef d'Etat africains ont eu recours au même procédé
pour rester accrochés à leur pouvoir, l'organisation panafricaine a péché par
complicité passive, dévoilant par là même qu'elle reste ce que fut la défunte
OUA : un syndicat de chefs d'Etat voué à couvrir les turpitudes de ses membres.
En s'en tenant à ce rôle, elle s'est complètement démonétisée et les militaires
burkinabés qu'elle a sommés à contretemps de respecter la volonté de leur
peuple d'organiser une transition civile suite au départ contraint de Blaise
Compaoré ne se sont pas privés de le lui faire savoir.
Le prétexte de la non ingérence dans les affaires de ses Etats membres est celui derrière lequel s'abrite ce syndicat de chefs d'Etat et lui vaut d'être systématiquement spectateur passif des crises politiques qui secouent les Etats du continent ayant pour enjeu la détention du pouvoir. S'en tenant à ce principe, l'Union africaine qui a indubitablement vu venir la crise burkinabé n'a rien dit ou fait qui aurait contribué à dissuader Blaise Compaoré à persister dans sa minable tentation d'ignorer la volonté du peuple burkinabé. Il est à parier qu'elle s'en tiendra à ce principe alors que d'autres crises ayant les mêmes causes se dessinent à travers le continent. En RDC, au Congo-Brazzaville, au Togo et en d'autres Etats africains encore se préparent également des tripatouillages de constitution destinés à permettre aux chefs d'Etat de ces pays à rester au pouvoir dont ils sont à la tête pour la plupart depuis des décennies. L'Union africaine est non seulement complice passive de leurs agissements mais coupable de leur octroyer un semblant de légalité quand réussis ils donnent lieu à des scrutins trafiqués dont elle validera les résultats par le biais de la présence des représentants qu'elle délègue pour censément s'assurer de leur régularité. Ce n'est pas à tort que l'organisation continentale qu'est l'Union africaine n'est pas écoutée par les grandes puissances s'agissant de conflits secouant le continent. Elle leur fait elle-même la démonstration de son impuissance et de son décalage par rapport à ces problèmes. L'Union africaine dont ont été les hérauts les dirigeants de la trempe de Kwame Nkrumah reste à réaliser. Ce qui est du domaine de l'utopie tant que la démocratie et la souveraineté populaire à travers le continent ne prévaudront pas sur les ambitions personnelles et égoïstes des dirigeants actuels en charge de la gouvernance. |
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