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La valse des entraîneurs : Un phénomène qui prend de l'ampleur

par Adjal Lahouari

Certes, la valse des entraîneurs a toujours existé, dans tous les pays du monde, mais on conviendra, qu'en Algérie, le record est «amélioré » à chaque saison. Nous avions signalé, il y a quelques jours, les dégâts de ce phénomène vraiment spécifique au football, car on n'entend jamais (ou presque) d'un limogeage d'entraîneur dans une autre discipline. Ce terme limogeage est souvent camouflé par une prétendue démission de l'entraîneur, une formule qui ménage ce dernier et les dirigeants. Le championnat de Ligue 1 n'en est qu'à la dixième journée, soit au tiers du parcours. Or, de nombreux techniciens ont été virés, pour « mauvais ou résultats insuffisants » selon l'humeur des responsables des clubs. Avant-hier, des entraîneurs ont fait les frais de cette sacrée politique du résultat immédiat, même un bémol entoure la situation spécifique de ces techniciens. On commencera par affirmer que Aït Djoudi a été dégommé d'un poste après la dernière défaite subie à El-Eulma. Et pourtant, après un départ poussif, le Nasria s'est ressaisi gagnant des rencontres avec la manière. Hélas, les dirigeants ont décidé de l'écarter de la barre technique. Le coach franco - italien Gazitto était en sursis après la mauvaise passe traversée par son équipe. Le nul concédé à domicile lui a été fatal. A peu de choses près, sa situation est semblable à celle de Aït Djoudi il y a quelques temps, c'est-à-dire qu'il était « en sursis ». Chez nous, on sait ce que cette formule veut dire. Le cas de Charef est quelque peu spécial, en ce sens qu'au MCA, c'est la « rue » qui commande et qui décide. Les exigeants fans du Doyen n'ont jamais accepté Boualem Charef. Que lui reproche-t-on ? Les mauvais résultats bien, sûr, très en deçà d'une équipe choyée et jouissant des meilleures conditions matérielles, mais également d'avoir « renvoyé » seize joueurs de l'effectif de la précédente saison, dont certains avaient la côté auprès du public.

Les «chnaouas », c'est évident, n'ont pas admis qu'un adversaire en crise, le CRB, batte leur équipe favorite où les prétendues stars n'arrêtent pas de se vanter dans les colonnes des revues spécialisées. En agissant de cette manière, ils se condamnent eux-mêmes, car ne confirmant jamais (on presque) leurs déclarations pour le moins tapageuses. Charef donc a annoncé sa démission et, connaissent son caractère entier, il est exclu qu'il revienne sur sa décision, même si le bureau directeur du MCA garde un mince espoir. Son sort devait être réglé hier, en cours d'après-midi. Et, déjà, la rumeur annonce le retour de Menad. On en arrive à la situation de l'entraîneur Cicollini qui a déposé sa démission après le nul concédé face à l'ESS. Il se trouve que le président Hannachi lui a ordonné de rester. Le technicien corse, qui vient à peine d'entamer sa mission, a exigé, pour poursuivre sa mission à la JSK, le renvoi pur et simple de ses adjoints Karouf et Hamenad.

Le courant ne passait plus assurément, entre Cicollini et ses assistants. Et là, il y a lieu d'évoquer la différence de vision entre ces belligérants, le technicien corse se prévalant de son bagage alors que les anciens joueurs pensent connaître l'effectif mieux que lui. Ce n'est pas jouer aux oiseaux de mauvais augure lorsque nous dirons que d'autres entraîneurs vont sauter dans les prochaines semaines, surtout au niveau des clubs de la seconde partie du tableau. Et pourtant, quoiqu'on dise, et quoiqu'on fasse, il y aura toujours un champion, un dauphin et des relégués. La valse se poursuivra donc au grand désappointement des rares personnes qui prônent la patience et la sagesse. Maître résultat veille jalousement pour qu'il en soit ainsi.