Pour les jeunes
de la cité Emir Abdelkader et de Ziadia, le temps de la réconciliation est
venu. A l'initiative de personnes sages résidant dans les deux quartiers,
épaulées par les imams des mosquées et des notables, de nombreuses rencontres
de réconciliation se sont déroulées mardi dans la soirée, après la prière du
Maghreb, dans l'un et l'autre quartier. Et après plusieurs heures de
discussions appuyées par des sermons sur la fraternité de la part des imams,
les propos d'apaisement tenus par les gens sages et les notables, les jeunes
belligérants semblent être revenus à de meilleurs sentiments au point qu'ils
sont tombés à la fin, les uns dans les bras des autres pour des embrassades et
des engagements à vivre en bonne entente et dans l'harmonie. La conclusion de
la paix revenue va se traduire sur le terrain, dès demain vendredi, par une
campagne de nettoyage qui sera organisée dans les deux quartiers pour les
débarrasser des gravats, pierres et toute sorte d'objets qui ont servi de
projectiles dans les affrontements qui ont mis aux prises ces mêmes jeunes,
cinq jours durant. Les uns et les autres se sont engagés aussi à laver les murs
des bâtiments qui ont été noircis par la fumée des cocktails Molotov qui ont
été utilisés durant les bagarres qui furent quasi quotidiennes en provoquant la
terreur chez les femmes et les enfants des deux cités. Pour parvenir à leurs
fins et réaliser la réconciliation entre les jeunes des deux quartiers ennemis,
les imams de Ziadia et ceux de la cité Emir Abdelkader ont organisé,
alternativement dans l'une et l'autre cité, des réunions après chaque prière
qui furent couronnées ensuite par un grand rassemblement qui s'est tenu à la
frontière entre les deux quartiers, au niveau de l'espace occupé par l'antenne
de la télévision. Et là, beaucoup d'intervenants ont pris la parole pour
développer les thèmes de paix et de pardon, de réconciliation et d'harmonie
dans la vie en commun. Et ce fut encore de longues embrassades. «On se croirait
à la sortie de la mosquée le jour de l'Aïd», diront des participants à ces
joutes qui nous ont contactés hier pour nous communiquer la bonne nouvelle.
Malgré tout, des jeunes issus de ces deux quartiers, rencontrés au centre-ville
le matin, ont affirmé que les barrages établis à l'entrée des deux quartiers
par les belligérants ne sont pas encore levés et les gens terrés dans leurs
domiciles respectifs n'osent pas encore sortir, de peur d'être pris dans des
échauffourées. Mais le responsable de la cellule de communication de la Sûreté
de wilaya de Constantine, que nous avons interrogé hier matin, a confirmé que
durant la journée d'hier mardi, aucun incident entre les jeunes des deux
quartiers n'a été enregistré. «Peut-être que la situation va se calmer vraiment
après les tentatives de rapprochement et les efforts déployés par les gens de
religion, les sages et les notables des deux quartiers», ont espéré ceux qui
nous ont contactés.