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Moines de Tibhirine : «L'autopsie des crânes sera faite par des Algériens»

par Zahir Mehdaoui

L'ex «Golden boy» algérien, Abdelmoumene Khalifa, sera jugé, en 2015. C'est ce qu'a suggéré, hier, le ministre de la Justice, Garde des sceaux, Tayeb Louh.

Ce dernier qui s'exprimait, en marge de la cérémonie d'installation du nouveau président de la cour d'Alger, a affirmé que Khalifa, actuellement, incarcéré à la prison de Serkadji, sera, probablement, jugé au cours de la session criminelle 2015 et pas avant.

«Tout dépendra de la Cour suprême qui est en train d'examiner le recours introduit par la défense de Khalifa », a tenu, toutefois, à expliquer le ministre de la Justice qui s'est montré, par ailleurs, très « didactique » à l'égard des journalistes, sur le code de procédures pénal, en vigueur dans notre pays.

Qualifié « d'affaire du siècle », le procès Khalifa a suscité, faut-il le rappeler, de nombreuses supputations, en particulier, après la condamnation du prévenu par un tribunal français, à cinq années de prison, il y a quelques jours.

Khalifa avait été condamné par le tribunal de Blida pour « association de malfaiteurs, vol qualifié, détournement de fonds, faux et usage de faux », dans le cadre du procès de la Khalifa Bank. Neuf autres inculpés avaient, également, été condamnés par contumace à vingt ans de prison ferme, dans ce premier procès qui avait laissé un « goût d'inachevé », à cause de l'absence du principal accusé. Ce dernier qui avait symbolisé la réussite économique, à un moment charnière de l'histoire de l'Algérie, est tombé, aussi vite qu'il était monté, en causant, du coup, un préjudice estimé à 5 milliards de dollars.

En tous les cas, c'est la première fois que le Garde des sceaux donne une date sur la tenue du procès de Abdelmoumene Khalifa, extradé depuis le Royaume-Uni où il avait trouvé refuge, depuis plus d'une décennie. Après avoir épuisé tous les recours auprès de la Justice britannique, l'ex magnat de la finance a été extradé, à la fin du mois de décembre 2013, sur demande des autorités judiciaires algériennes.

Par ailleurs, interrogé sur le dossier des moines de Tibhirine, par la Justice française, le ministre de la Justice a affirmé que la visite du juge Trevidic entre dans le cadre de l'accord de partenariat passé, entre les institutions judiciaires des deux pays. « Les crânes des moines seront exhumés et autopsiés par les Algériens, en présence du juge français », a fait savoir Tayeb Louh, qui souligne qu'il appartenait à la Justice algérienne de trancher, dans cette affaire et ce, conformément à l'accord en question.

Le ministre de la Justice, Garde des sceaux, ajoute, dans ce sens, qu'un juge algérien se déplacera, également, en France, à la fin de ce mois d'octobre, dans le cadre de l'accord de réciprocité. Tayeb Louh voulait, par là, insinuer qu'il ne s'agit, nullement, d'une ingérence dans les affaires internes du pays mais d'une simple collaboration entre les départements de la Justice des deux pays.

Il est utile de rappeler que les moines trappistes avaient été décapités, en 1996, par le GIA (groupe islamiste armé) dirigé, en ce temps là, par le sinistre Djamel Zitouni, abattu, plus tard, par les services de sécurité.

En dépit de toutes les preuves qui accablaient le GIA, dans l'odieux assassinat, des «forces occultes» viennent, sporadiquement, remettre sur le tapis le dossier de ces moines pour créer des tensions entre Alger et Paris.