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Reconstruire Ghaza et attendre sa prochaine destruction ?

par Kharroubi Habib

L'Autorité palestinienne qui a chiffré à quatre milliards de dollars le coût de la reconstruction de la bande de Ghaza dévastée cet été pour la troisième fois en six ans par une agression militaire israélienne, a enregistré à la conférence du Caire des donateurs pour la Palestine des promesses de contribution qui cumulées répondraient à ce besoin.

La tragédie palestinienne et les affres existentiels qui en découlent pour la population ghazaouie ne laissent évidemment pas insensible la communauté internationale d'où la hauteur des contributions financières promises à l'Autorité palestinienne. Mais l'exaspération s'est fortement exprimée à la tribune de la conférence du Caire des donateurs contre les appels à reconstruire la bande de Ghaza après chaque agression israélienne. Un cycle dont beaucoup de participants ont déclaré craindre qu'il ne s'est pas clos avec l'agression de l'été dernier.

Les donateurs potentiels ne rechignent pas en effet à offrir leur aide financière à la reconstruction de Ghaza mais ils ont exprimé la crainte que comme les fois précédentes ce qui va être rebâti sera à nouveau réduit en ruines. C'est pourquoi cette fois leur conférence a posé le préalable à la contribution de la communauté internationale à la reconstruction de Ghaza que cesse définitivement le cycle construction, destruction dont les conséquences sont d'une agression à l'autre toujours plus dramatiques pour la population.

Sauf qu'il ne suffit pas de mettre en avant ce préalable mais d'en imposer le respect à la partie dans le conflit palestino-israélien qui alimente et entretient la pérennisation de ce cycle mortifère pour les Ghazaouis. Cette partie c'est l'Etat sioniste qui tant qu'il n'a pas à redouter de sanctions internationales fermes et radicales continuera à s'en prendre au moindre prétexte aux territoires palestiniens et à Ghaza en particulier. Il ne suffit pas donc comme le fait le secrétaire d'Etat américain John Kerry de plaider pour une relance du processus de paix israélo-palestinien. Il faut obliger maintenant Israël qui a sabordé chacune de ses étapes à entrer dans des négociations dont la finalité ne doit être rien d'autre que la création d'un Etat palestinien indépendant, viable et souverain au côté de l'Etat hébreu.

Kerry ne peut nier que le processus qu'il a impulsé en juillet 2014 consistant en des négociations israélo-palestiniennes sous l'égide des Etats-Unis a échoué à cause de la surenchère et des provocations de la partie israélienne. Il ne peut par conséquent chercher à contraindre les Palestiniens à revenir à la table des négociations sans l'assurance qu'ils ne seront pas confrontés au même comportement de la part des représentants de l'Etat sioniste. D'ailleurs Mahmoud Abbas lui a fait comprendre que les Palestiniens ne se plieront pas à la pression américaine.

Pour que, comme le voudrait le secrétaire d'Etat américain, il puisse y avoir une reprise des négociations Mahmoud Abbas exige qu'elle soit conditionnée par l'arrêt d'une échéance mettant fin à l'occupation israélienne et l'acception sans équivoque par Israël de la solution d'un Etat palestinien dans les frontières de 1967 avec pour capitale El Qods. Cette démarche a l'appui de la communauté internationale, y compris celui d'Etats qui ont longtemps fermé les yeux sur les louvoiements et les reniements de l'Etat sioniste. Seule l'Amérique qui prétend vouloir aider les Israéliens et les Palestiniens à conclure la paix entretient en fait le refus d'Israël à engager des négociations sérieuses dans ce sens en approuvant et justifiant systématiquement sa politique et ses agissements à l'encontre des Palestiniens. L'on comprend qu'elle s'oppose et menace quand ces Palestiniens lassés par sa partialité pro-israélienne s'adressent aux Nations unies pour leur demander de ne plus se satisfaire de la « médiation » américaine dans le conflit israélo-palestinien et d'établir un cadre moins faussé pour sa résolution.