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Les Aïds se suivent et se ressemblent

par A. Mallem

Le proverbe dit, avec la rime et la sagesse qui caractérisent la culture populaire, que «Rima est retournée à ses anciennes habitudes». Et cela a été vérifié, hier, pour la ville des ponts qui a vécu une seconde journée de l'Aïd El-Adha tout ce qu'il y a de plus creux et qui l'a fait ressembler à une cité inhabitée.

Aussi, et à l'exception des moyens de transport publics et privés, notamment ceux de l'Entreprise de transport de Constantine (ETC) qui a mis en place un programme spécial de transport par bus bleus et téléphérique, ainsi que le tramway, les taxis de service et ceux de la fraude, ensemble de moyens de locomotion qui ont rendu de fiers services aux citoyens qui, comme on le sait, réservent la seconde journée de l'Aïd aux visites familiales, le reste des prestations promises par les différentes administrations publiques, et plus particulièrement la direction du Commerce, ont brillé par leur absence.

Deux jours avant l'Aïd, nous avons entendu le représentant de la direction du Commerce de la wilaya affirmer sur les ondes de la radio locale qu'une liste de 189 restaurants a été élaborée et le wali a signé les réquisitions correspondantes pour contraindre les restaurateurs à assurer la permanence durant les deux journées chômées de l'Aïd. Mais sur le terrain, rien de cela n'a été constaté malheureusement et il fallait voir le centre de la ville avec la quasi-totalité des commerces fermés. Sans exagérer, nous avons vu à midi qu'il n'y avait qu'un seul café ouvert sur un rayon de presque un kilomètre en partant du palais du Bey jusqu'à la place de la Pyramide, et tous les restaurants et échoppes de Rahbet Ledjmal, place réputée pour ce genre de commerce, ont gardé les rideaux baissés. Il en est de même des marchands de pizza qui, par temps normal, obstruaient les rues et les ruelles en proposant leur marchandise sur les trottoirs et les caniveaux, qui étaient totalement absents. Et dans cette atmosphère, on a vu des groupes de travailleurs étrangers, essentiellement asiatiques, errant à la recherche d'un point où ils puissent se restaurer. Et ne trouvant rien, ils étaient obligés de se rabattre sur les rares épiceries ouvertes à la rue Hamlaoui pour s'approvisionner en victuailles pour s'alimenter. «Dans la nouvelle ville Ali Mendjeli, à Didouche Mourad, par exemple, ont signalé des citoyens devant qui nous nous sommes plaints de la situation, tout est ouvert et animé. Vidé de ses citoyens qui ont été délocalisés ailleurs, le centre de la ville a tendance à ressembler à une ville fantôme». D'autres ont commenté le phénomène avec autant d'amertume mais en se projetant sur le proche avenir. «On n'ose imaginer cette situation au cours de l'année prochaine quand notre ville sera promise capitale de la culture arabe et qui aura à abriter beaucoup d'étrangers», a fait remarquer en effet un groupe de citoyens de la haute Casbah.