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Mouton de l'Aïd : La fièvre aphteuse plane toujours sur les marchés

par Abdelkrim Zerzouri

C'est bien un Aïd 2014 très parti-culier qu'on s'apprête à accueillir, marqué qu'il est par des marchés prudents, fièvre aphteuse oblige. Un désarroi certain des maquignons qui hésitent encore à se lancer dans l'aventure, des soucis et une colère mal refoulée par des éleveurs soumis à des mesures draconiennes dans leur activité commerciale. «En premier lieu, chaque éleveur doit avoir en sa possession, avant de pénétrer à l'intérieur des points de vente réglementés, un certificat délivré par les services vétérinaires et déclarant sain le cheptel à écouler», indique M. Slimane Draibine, président du Conseil interprofessionnel des viandes rouges de la région est qui compte parmi ses membres des représentants de tous les acteurs impliqués dans le circuit, en l'occurrence les éleveurs ovins et bovins, importateurs et représentants des abattoirs. Le certificat du vétérinaire est une condition sine qua non pour se déplacer vers les marchés à bestiaux, un sésame qui ouvre les portes des points de vente autorisés. Aussi, apprendra-t-on auprès de Slimane Draibine, les marchés réglementés doivent être placés impérativement sous le contrôle rigoureux des vétérinaires, des agents des services d'hygiène communale, des services de sécurité (Sûreté ou Gendarmerie nationales), et la présence sur les lieux de travailleurs des abattoirs pour agir rapidement, égorger sur place les moutons si cela est nécessaire, dans le cas où l'on détecterait un quelconque foyer de fièvre aphteuse. Et pour plus de précaution encore, on doit installer des moyens de désinfection des véhicules qui pénètrent à l'intérieur des marchés à bestiaux. A ce sujet, notre interlocuteur précise qu'il pourrait s'agir de bassins d'eau mélangée aux désinfectants, que doivent traverser les camions à l'entrée et la sortie des marchés afin de les purifier de tout agent pathogène.

On voit bien que la fièvre aphteuse plane sur les marchés à bestiaux, même si des déclarations rassurantes des pouvoirs publics font état d'une maîtrise de l'épizootie. L'inquiétude est perceptible, en effet, à travers toutes ces mesures drastiques accompagnant l'ouverture des marchés à bestiaux à l'occasion de l'Aïd El-Adha. Oui, mais quels impacts sur les marchés réglementés, et surtout les marchés parallèles qui ont tendance au foisonnement durant ces deux prochaines semaines avant l'évènement religieux ? «Ce sont là des mesures obligatoires, décidés par les autorités compétentes, et qu'on se doit d'appliquer à la lettre dans les points de vente autorisés. Quant aux marchés informels, c'est aux services de sécurité de sévir contre tout contrevenant aux règles sanitaires», considère M. Slimane Draibine. Ajoutant que son souhait est que tout le monde soit sensible pour l'application rigoureuse de ces dispositions, et que la tolérance généralement adoptée en pareille circonstance ne soit plus de mise aujourd'hui. Mieux vaut, car il y va d'importants enjeux économiques et de risques sur la santé publique. Notre interlocuteur précise que tous les éleveurs sont libres dans leurs déplacements pour écouler leur cheptel, qu'ils viennent du sud ou d'autres régions du pays, seulement ils sont tenus au respect scrupuleux des mesures globales initiées par les pouvoirs publics dans le cadre de la prévention contre la fièvre aphteuse. L'acheteur, lui, est déjà à la recherche de la bonne affaire. Les marchés à bestiaux enregistrent leurs premiers frémissements au contact des clients. Dans des points de vente de moutons, ouverts dans des endroits préalablement désignés par les communes, le business a déjà commencé. Des acheteurs qui ont fait des ?'réservations'' auprès des éleveurs, ou qui ont choisi leurs moutons en procédant à un versement d'une somme symbolique pour garantir l'achat, affirment que les prix sont abordables, «sans grands écarts relativement aux prix pratiqués l'an passé», affirme-t-on. De son côté, M. Slimane Draibine, président du Conseil interprofessionnel régional des viandes rouges et éleveur de son état, soutiendra que «le prix du mouton varie entre 3 et 6 millions de centimes». Pas toujours à la portée des bourses modestes, qui ne manqueraient pas de se sacrifier, de se saigner, pour se procurer ce cher mouton. Peu, ou pas du tout envisageable qu'on puisse, dans un élan social, faire l'impasse sur le sacrifice du mouton, quitte à s'endetter, recourir au paiement par facilité ou hypothéquer les bijoux de la ménagère au mont-de-piété.