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Un projet de jeu qui exige du temps

par Adjal Lahouari

Face au Mali, l'équipe nationale n'a pas répondu à l'attente des supporters. Il est vrai qu'on attendait sans doute trop de cette sélection composée, pour l'essentiel, de joueurs ayant évolué en coupe du monde au Brésil. Le sélectionneur a parlé de son ambitieux projet, faire de l'EN un leader qui impose son jeu, en misant sur « la culture tactique et le talent », a-t-il précisé au terme du choc de Blida. Mais il est certain que ce projet nécessite du temps et beaucoup d'efforts, de la part des capés et du staff.

Il ne faudrait pas perdre de vue que les coéquipiers de Lacen ont évolué durant trois années sous les ordres de Halilhodzic, et au cours desquelles des habitudes et des réflexes, bons ou mauvais, se sont ancrés.

Gourcuff arrive avec sa conception du football, qui est différente de celle de son prédécesseur. Ce qui explique, en partie, les « périodes » creuses des capés, qui se connaissent pourtant tous excepté Mehrez. Des voix se sont élevées, soulignant que des changements devaient être opérés. Plus facile à dire qu'à faire. Gourcuff a trouvé une équipe en place, qu'il a observé avant et pendant le mondial. Après le bon résultat ramené de Addis-Abeba, il était difficile pour lui de chambouler l'équipe, même si d'autres éléments valables piaffent d'impatience.

Le technicien français n'a pas voulu prendre ce risque. «Si j'avais touché à mon équipe, ça aurait été plus perturbant », a-t-il encore souligné. Or, il n'a pas manqué de mettre l'accent sur l'apport des trois remplaçants Bentaleb, Guedioura et Belfodil. Sur le plan purement tactique, Gourcuff n'a pas présenté l'EN en 4-4-2, son option préférée. Pourquoi ? Sans doute en raison de l'importance du résultat. Avec son premier match officiel à Blida, il a sans doute forcé sa nature en faisant des concessions, pour un maximum de réalisme. «L'Algérie est invaincue à Tchaker, je voulais qu'on perpétue cette tradition», a-t-il indiqué dans son analyse du match, avant de souligner: «On sent une certaine évolution et plus de cohérence. Il existe une bonne marge de progression, et ces points nous permettent d'aller de l'avant». C'est vrai, qu'à certains moments, à partir de relances précises de la défense, l'EN a développé un jeu de bonne facture, même si ce constat a été quelque peu favorisé par le recul des Maliens. Il n'empêche que le réalisme en attaque a fait défaut, comme en témoignent les ratages face au gardien adverse. Sur le point individuel, il est clair qu'actuellement, seul Brahimi, par ses dribbles, sa vitesse et ses «fausses pistes», est en mesure de faire la décision, soit en ultime passeur, soit en buteur. Cependant, le chouchou du FC Porto a malheureusement tendance à en faire trop, ce qui l'expose aux agressions et aux blessures comme ce fut le cas mercredi soir. A notre avis, il devrait «doser» ses tentatives, ce qui le rendrait plus efficace.

Enfin, il a tout intérêt à «sauter» et à esquiver s'il veut poursuivre une belle carrière. Pour en revenir au projet de Gourcuff, espérons que lors de la double confrontation contre le Malawi, qu'il aille au bout de ses idées, en alignant deux vrais attaquants complémentaires. Certains observateurs pensent particulièrement à Belfodil (à quand un match complet ?) à Djabou qui a brillé au Mondial.

A notre connaissance, le banc est étoffé et le sera encore plus avec les nouveaux joueurs locaux et ceux de l'hexagone.