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Ghoul confirme l'audit, le patron d'Air Algérie parle de cabale : Vol au dessus d'un nid de problèmes

par Yazid Alilat

La compagnie aérienne nationale est toujours sous les feux de l'actualité un mois et demi après le crash au Mali d'un avion affrété par Air Algérie.

Une série d'incidents liés, directement, à la gestion et l'exploitation des appareils, a, de nouveau, remis sur la sellette le premier responsable d'Air Algérie, qui n'hésite pas à pointer du doigt «la concurrence», dans cette sorte de cabale contre la compagnie, via la presse.

Plusieurs incidents ont, en fait, écorné l'image de marque d'Air Algérie, ces derniers jours et semaines, dont le dernier en date, remonte à samedi dernier, lorsqu'un ATR 72-500 (avion de transport régional, Ndlr) a dû revenir sur le tarmac de l'aéroport de Constantine, dix minutes après son décollage.

Face à ces déboires, à répétition, puisque la semaine dernière deux ATR se sont frôlés, lors d'une manoeuvre de parking, à l'aéroport d'Alger, le ministère des Transports a confirmé, de son côté, dimanche, le début d'un audit de la compagnie, une enquête « exhaustive et détaillée ». Le P-DG d'Air Algérie, Mohamed Salah Boultif, a, quant à lui, balayé d'un revers de main, toutes les accusations de mauvaise gestion et estimé que les incidents que connaît la compagnie, depuis le crash, près de Gao (nord du Mali) du vol AH5017 de la compagnie « low cost » espagnol ?Swiftair', sont enregistrés par toutes les compagnies aériennes dans le monde. Dans un entretien à la radio nationale, il a récusé les accusations de défaillance «du management» de la compagnie. Pour autant, « sur le volet opérationnel, il est évident que nous n'avons jamais dit que tout est parfait, au niveau de la compagnie. Ce que je peux dire, c'est qu'il y a des efforts et des résultats qui commencent à apparaître», a-t-il dit.

Sur la situation, au sein de la compagnie, il a confirmé qu'un «audit est mené en interne, et le ministre des Transports a, également, demandé un audit, ce qui est de nature à améliorer les choses», a reconnu M. Boultif selon lequel cet audit «vise à améliorer les conditions de traitement de la clientèle. C'est le volet opérationnel qui sera le plus concerné par cet audit». Quant au limogeage de trois responsables d'Air Algérie, il a, simplement, expliqué que «c'était juste des changements à la phase retour de la saison estivale. Il fallait apporter du sang neuf», a expliqué le P-DG d'Air Algérie qui a indiqué que ces changements ont concerné des pilotes qui sont «retournés à leur poste» de pilotes. «Le changement était prévu, depuis quelques mois déjà, j'ai remarqué un manque de coordination et je devais apporter ces changements, à la veille du retour des vacanciers», ajoute t-il. Sur le crash de l'avion de ?Swiftair', il a affirmé que la procédure d'indemnisation des familles des victimes se déroule, normalement, et le dossier est suivi par la CAAR., qui va accorder, prochainement, une avance intérimaire. «Après le rapport d'accident définitif, on va indemniser toutes les familles des victimes. L'indemnité intérimaire tourne autour de 13.000 DTS (droits de tirage spéciaux), environ 16.000 euros», a-t-il expliqué, avant de confirmer que le rapport préliminaire sur le crash du vol AH5017 est prévu, le 20 septembre prochain, à Bamako et sera communiqué par le chef du BEA (Bureau d'études et d'analyses) français.

«LES AFFRETEMENTS SE FONT EN TOUTE TRANSPARENCE»

«Il faut attendre les conclusions du rapport préliminaire pour connaître les causes exactes de ce crash», a-t-il dit, soulignant que pour les victimes de ce crash, «on s'efforce, pour le moment, à établir les actes de décès des victimes». Par ailleurs, le n°1 d'Air Algérie, interrogé sur les modalités des affrètements d'avions, a indiqué qu' «ils se font, en toute transparence». C'est la direction des programmes, à Air Algérie, qui «arrête les besoins en matière d'affrètements et demande les autorisations nécessaires à la direction de l'Aviation civile (du ministère des Transports). Une fois le choix fait, vient la vérification technique, opérée par ?Vérital', qui travaille pour le compte de cette direction», a expliqué le patron d'Air Algérie, selon lequel le cahier des charges pour l'affrètement de l'avion de ?Swift air' s'est fait sur la base du recours par Air Algérie «au moins-disant, conformément à ce qui avait été consigné dans le cahier des charges». «Les choses se sont passées, en toute transparence pour ?Swift air' qui est une compagnie européenne», a-t-il précisé.

Pour autant, la compagnie se porte bien, financièrement, a, encore, expliqué M. Boultif qui escompte un nombre de 5 millions de passagers transportés, en 2014, par la compagnie, contre 3,5 millions en 2012 et 4,8 millions en 2013. Forcément, le chiffre d'affaires de la compagnie progresse. Air Algérie s'attend à «un chiffre d'affaires (CA) important, en 2014 », selon son P-DG, qui a indiqué que le CA de 2010 a été de 55 milliards de DA et de 69 milliards de DA, en 2013. «En 2014, il va augmenter», a-t-il affirmé.

Par ailleurs, la compagnie aérienne algérienne va réceptionner, à partir de la fin 2014, une commande de 16 appareils, des Boeing 737-800 et des ATR, notamment. Le coût de cette commande est de 60 milliards de DA dont 50 milliards de DA, en syndication, c'est-à-dire réalisés par un tour de table avec plusieurs banques de la place et le reste en « fonds propres de la compagnie», a précisé Boultif, qui a annoncé qu'avec cet apport, en plus du recrutement de 200 nouveaux pilotes et 50 ingénieurs mécaniciens, il n'y aura, en principe, pas d'affrètement, durant la saison estivale 2015. «Nous faisons tout, actuellement, pour que 2 B 737-200 nous soient livrés, avant le début de l'état 2015», a-t-il souligné.

Pour lui, cette importante commande, la bonne santé financière de la compagnie et la réalisation prochaine d'un HUB, à l'aéroport d'Alger vont «inquiéter les compagnies concurrentes». Une manière, pour lui, d'expliquer pourquoi Air Algérie est, actuellement, sous «les feux de l'actualité».

Quant aux retards des vols d'Air Algérie, il s'est limité à expliquer que des améliorations sont constatées, le taux de ponctualité étant passé de 50 à 60 %, actuellement, et avec des «pics» de 75%. Les raisons de cette situation, très souvent, décriée par les clients de la compagnie, sont «endogènes» à l'organisation, à l'aéroport d'Alger et d'autres «exogènes». Il a expliqué que des améliorations sont constatées aux passages des scanners avec une bonne collaboration avec la DGSN. Enfin, il a rassuré les futurs ?hadjis', en annonçant que la compagnie a dégagé, pour cette année, des appareils qui assureront 66 vols pour la rotation Alger-El Madina et 43 autres seront assurés par la compagnie saoudienne. «Les choses vont bien se dérouler», a-t-il promis.