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Une réforme en chasse une autre

par Abdelkrim Zerzouri

La remise en cause de la résultante de plusieurs aspects relevant de la refonte de l'école, encore en état de balbutiements vers la fin de l'ère Benbouzid et avec le bref passage de Baba Ahmed à la tête du département de l'Education nationale, a trouvé une expression plus ouverte, plus affirmé, depuis l'installation de Mme Benghebrit dans ses fonctions, elle-même membre de la commission Benzaghou qui a élaboré un rapport volumineux sur le sujet. Même si elle évite de parler d'échec de la réforme de l'école, préférant le mot de mise en œuvre des réformes de l'école, la ministre en convient qu'elle y va résolument. Une reconnaissance implicite de dire que la réforme a foiré quelque part. Mme Benghebrit ne se gêne nullement de parler de déontologie à l'école, de vacances trop longues, de système d'examen pas très pédagogique, de contraintes et obstacles qui entravent la réforme du système éducatif, toute une bataille qu'elle s'apprête à livrer. Peut-être parce qu'au départ cette démarche n'était pas acceptée ; la réforme de l'école, l'on se rappelle, avait suscité un tollé chez une bonne frange de la famille de l'éducation dès qu'on a rendu publiques les grandes lignes du rapport Benzaghou. Le changement fait toujours peur à ses débuts. Peut-être aussi que l'école subit de plein fouet les contraintes d'une société qui a perdu beaucoup de ses valeurs éducationnelles et compétitives, et qu'elle ne peut dans ce cas faire sa mue toute seule, dans un coin de classe. Il est évident que beaucoup de facteurs ont participé à l'étouffement des efforts engagés dans le cadre de la refonte du système éducatif, mais peut-on dire qu'aujourd'hui tout va changer par la seule magie de l'arrivée d'un nouveau ministre ?! Mme Benghebrit le sait pertinemment, elle qui clame que la tâche est ardue, complexe, mais qu'elle trouve exaltante. Et elle touche à l'essentiel lorsqu'elle avoue sans détour qu'il serait erroné d'envisager un quelconque changement sans l'implication et l'engagement de tous les acteurs de l'éducation. Et, justement, là est le hic de la réforme de l'école. Déjà, faut-il le relever, les acteurs de l'éducation, parmi eux des enseignants, n'ont pas tous bien assimilé la leçon de la refonte du système éducatif. Et passant les conflits socioprofessionnels qui ont envenimé les rapports entre la tutelle et les partenaires sociaux et qui ont fatalement participé à l'échec de la réforme de l'école. Tant d'ingrédients qui donnent, aujourd'hui encore, un diagnostic pas très encourageant. Appels au dialogue et bonne disposition de la tutelle pour créer un climat de confiance n'ont pas détourné les économes de leur menace de débrayage dès le deuxième jour de la rentrée scolaire. D'autres syndicats se préparent sérieusement à engager un bras de fer avec le ministère de l'Education nationale. Le topo n'a pas trop évolué pour espérer une réactivation ou mise sur rail de la refonte du système éducatif. Sauf que, ne voulant certainement pas prêcher dans le désert, Mme Benghebrit tente activement, en parallèle à son plaidoyer au sein de la famille de l'éducation, de faire impliquer d'autres secteurs ministériels dans l'effort global visant à réformer la réforme de l'école.