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BLIDA: La viande rouge fait peur, les gens se rabattent sur le poulet

par Tahar Mansour



Malgré les assurances du ministère de l'Agriculture et celles des spécialistes, les citoyens boudent, de plus en plus, les viandes rouges, aussi bien bovine qu'ovine et se rabattent, pour leur consommation quotidienne, sur les viandes blanches, en particulier le poulet et, à un degré moindre, la dinde car accusée d'être, elle aussi, nourrie avec des aliments dangereux.

Ainsi, un tour au marché ou chez les bouchers ayant pignon sur rue, nous renseigne sur le phénomène puisque, après avoir attendu près d'une heure, nous n'avons vu aucun client entrer chez un boucher, vendant des viandes rouges alors qu'il y avait chaîne chez leurs collègues qui font commerce de viandes blanches. « Nous sommes, ainsi, depuis que cette maudite fièvre aphteuse est apparue, en Algérie, à peine si je vends un kilo de viande par jour, si cela continue je serais obligé de fermer ou de me reconvertir, ce qui est déjà très difficile vu les pertes que j'ai déjà subies » nous a affirmé un boucher, assis devant son magasin, l'air abattu et pensif. Les autres bouchers, vendant de la viande rouge, comme lui, ne sont pas logés à meilleure enseigne et tous affirment qu'ils ne vendent même pas le dixième de ce qu'ils avaient l'habitude de vendre, en cette période. Quant aux consommateurs: «je préfère ne prendre aucun risque, ni pour moi ni pour mes enfants, j'ai entendu dire que la consommation de viande rouge, même provenant d'un animal contaminé, n'était pas dangereuse pour les êtres humains, mais il vaut mieux s'abstenir d'en consommer, pour le moment pour éviter tout risque» nous a déclaré un citoyen rencontré chez un vendeur de volailles.

«On nous dit que c'est sans danger, mais je ne le crois pas, certains responsables et spécialistes ont l'habitude de nous mentir, donc j'achète du poulet ou de la dinde, en attendant que cette fièvre soit vaincue, si elle l'est, je n'ai pas envie de voir mes enfants ou moi-même tomber malades » a précisé un autre citoyen, rencontré dans la même boutique. D'ailleurs chez de nombreux vendeurs de volailles la marchandise est introuvable en milieu d'après-midi et les prix commencent à être majorés, vu la demande grandissante des citoyens. Même la viande ovine, pour laquelle aucun cas n'a été signalé, jusqu'à présent, est boudée par les consommateurs et ceux qui vont convolé en justes noces se demandent s'ils vont acheter le mouton de la mariée ou, au contraire, lui offrir une dizaine de poulets à la place, ce qui reviendrait, nettement, moins cher. Les gens ne savent d'ailleurs plus où trouver un mouton et ils se rabattent sur les petits éleveurs de leur connaissance, faisant de bonnes affaires car le prix des viandes rouges, quelles qu'elles soient, est en chute libre, le prix d'un kilo de beefsteak étant cédé à moins de 900 DA alors qu'il plafonnait, il n'y a pas longtemps, à plus de 1.200 DA. En outre, l'Aïd El Adha étant relativement proche, les Algériens se demandent déjà comment ils vont faire pour ce sacrifice rituel, non seulement à cause de la crainte d'attraper la maladie que de l'interdiction de déplacer le cheptel qui entraîne la raréfaction des moutons sur le marché, surtout que les marchés à bestiaux sont toujours fermés. Mais tous espèrent que, d'ici un mois et demi, tout sera rentré dans l'ordre et que les marchés seront rouverts.