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De courageux pacifistes et une abjecte réalité

par Kharroubi Habib

En Israël, les pacifistes, très minoritaires dans le pays, qui réclament l'arrêt de l'agression contre la bande de Gaza et l'ouverture de vraies négociations de paix avec les Palestiniens sont voués aux gémonies par la majorité de leurs concitoyens dont les plus ultras les considèrent comme des « traîtres » et n'hésitent pas à passer aux actes contre eux. Sachant ce qu'ils ont de ce fait bravé, l'on ne peut passer sous silence le courage des quelques milliers d'entre eux qui tout au long de l'agression menée par leur armée contre la bande de Gaza ont manifesté leur réprobation.

C'est à leur honneur de s'être démarqués de l'hystérie raciste et belliqueuse qui submerge la société de leur pays qui fait considérer à la majorité des Israéliens qu'un « bon Palestinien est un Palestinien mort ». Mais pour aussi imposante qu'a été leur dernière manifestation à Tel-Aviv en faveur de la paix et de négociations avec les Palestiniens, leurs voix ne sont pas écoutées. Le courant pacifiste ne pèse plus lourd (s'il a pesé à un moment depuis la fondation de l'Etat d'Israël) au sein de la société israélienne et de l'establishment dirigeant de cet Etat. Il n'a aucune chance d'influer sur la politique anti-palestinienne du gouvernement Netanyahu qui poursuit la pire qu'un cabinet israélien a prônée et conduite.

L'on nous rétorquera que parce qu'Israël est démocratique, la minorité pacifiste s'exprime librement. Elle est libre c'est vrai de protester mais parce que son expression conforte la propagande de l'Etat sioniste mise à mal par les manifestations bellicistes et à caractère odieusement raciste auxquelles donne lieu le sentiment anti-palestinien et anti-arabe qui prédomine dans la société israélienne. Pour cette propagande, la visibilité médiatique de la minorité pacifiste israélienne est une aubaine qu'elle ne décourage pas car elle attenue l'effet désastreux que produit au sien de l'opinion internationale la «révélation» du fait que contrairement à l'image qu'elle en donne la société israélienne est en majorité raciste et contre la satisfaction des droits du peuple palestinien.

A leur corps défendant, les pacifistes israéliens qui sont isolés dans cette société lui servent d'alibi moral. Elle les laisse pour cela depuis des décennies manifester, marcher et revendiquer. Ce qui n'est d'aucun effet sur sa vision de la solution du conflit palestino-israélien qui n'est que guerres et expansionnisme voués à établir l'Etat du « grand Israël » pur ethniquement et donc débarrassé de la population palestinienne à l'intérieur de ses frontières. La société israélienne est de moins en moine encline à masquer ses traits racistes et sa volonté d'en « finir » avec les Palestiniens. Victime de la Shoah, elle en est à copier les méthodes barbares que les nazis ont utilisées pour la réaliser.

Cette odieuse réalité est en train de s'imposer lentement mais sûrement au sein de l'opinion internationale. La mystification d'un Etat israélien se conduisant exemplairement et construit sur des valeurs nobles de l'humanisme et du respect des autres s'est salutairement effilochée pour laisser percer sa vraie nature.